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Journée du 8 mars: sans voile, une Saoudienne s'émancipe à cheval
L’Arabie Saoudite poursuit son train de réformes économiques et sociales pour diversifier son économie trop dépendante du pétrole. En 2016, le royaume a ainsi lancé le plan vision 2030 qui prévoit d’accorder aux femmes une plus grande place sur le marché du travail et aussi dans des activités sportives, ce dont s'offusquent les milieux religieux et conservateurs.
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L'Arabie Saoudite est connue pour sa passion des pur-sang arabes et pour la rareté de ses cavalières. L'une d'elles, Dana al-Gosaibi, est propriétaire de deux chevaux qu'elle a mis en pension dans un club équestre de Jeddah, grande ville de l'ouest sur la mer Rouge. A 35 ans, cette célibataire a choisi de vivre sa passion en toute discrétion. «Il y a cette conviction très étrange selon laquelle une femme ne doit pas monter à cheval», confie-t-elle, interrogée par l’AFP à l'occasion de la Journée mondiale de la femme, le 8 mars 2017. «Surtout, ajoute-t-elle si une femme n'est pas mariée, car elle pourrait perdre sa virginité», trouvant «incroyable que beaucoup de gens en sont convaincus».
Dans l'enceinte du centre équestre, cette jeune femme est en tenue d'équitation et n’est pas voilée. Hommes et femmes s'y côtoient, mais le propriétaire des lieux exige de ses membres une grande discrétion. Il «ne veut pas qu'on sache que le centre est fréquenté par des femmes», confie la cavalière.
Rentrée en Arabie Saoudite il y a quatre ans, après en avoir passé treize en Angleterre, Amérique du Nord et Suisse, elle se réjouit que des Saoudiennes travaillent désormais comme caissières, vendeuses, secrétaires ou comptables. Certaines ont même réussi à s'imposer dans des secteurs strictement réservés aux hommes, comme la banque ou la presse. «Je suis revenue et j'ai vu toutes ces femmes» dans ces nouvelles activités, raconte-t-elle.
Pratique du sport confidentielle
Malgré ces avancées, la pratique du sport reste confidentielle dans ce pays ultra-conservateur. Une femme, la princesse Rima bint Bandar Al-Saoud, a été nommée vice-présidente pour les Affaires des femmes à l'Autorité générale pour le sport. Selon la presse locale, la princesse a fait savoir que le royaume commencerait à délivrer des licences à des gymnases pour femmes, baptisés «centres de santé». Les écoles pour filles du royaume ne dispensent aucun cour d'éducation physique et sportive.
Signe que les lignes sont en train de bouger, la nomination en août 2016 de la princesse Rima ben Bandar ben Sultan au poste de vice-présidente du Comité général sportif, chargée du sport féminin. A cette époque, la participation de quatre athlètes aux JO du Brésil, avait été très remarquée en raison leur tenue islamique. Déjà en 2012, l'Arabie Saoudite avait envoyé deux femmes dans sa délégation olympique aux JO d'été de Londres.
En Arabie Saoudite, la tradition veut que la femme sorte en public totalement couverte de la tête aux pieds. La mixité y est interdite et les femmes ne peuvent voyager sans la présence d'un parent proche – père, mari ou frère – pour se rendre à l'étranger. C'est aussi le seul pays au monde où elles ne sont pas autorisées à conduire.
S. Arabia's tentative advancement of women's rights gives horse trainer Dana al-Gosaibi hope @AFP https://t.co/u7v10Ack5e pic.twitter.com/8HD27jkLn7
— AFP Features (@AFPfeature) March 7, 2017
Dana al-Gosaibi, qui a l'intention d'ouvrir un jour sa propre structure équestre autour du développement de la psychologie équine, se veut optimiste sur l'évolution des droits des femmes, estimant que «parce que le monde change, les gens sont en train de se détacher des croyances et des traditions». «Nous ne pouvons rester enfermés à jamais dans ces vieilles manières de penser. Les femmes sont devenues plus fortes, elles se font entendre», ajoute-t-elle, rappelant qu'à l'époque du prophète Mahomet, les femmes montaient déjà à cheval.
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