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La main tendue du pape à l'islam semble bien accueillie

Un réchauffement des relations entre le monde musulman et le Vatican est perceptible depuis l'élection du pape François, le 13 mars 2013. Jorge Bergoglio, qui vient d'être élu personnalité de l'année par le «Time», a multiplié les gestes conduisant à la reprise du dialogue avec la grande université sunnite Al-Azhar du Caire. Deux émissaires du Vatican s'y sont d'ailleurs rendus le 3 décembre 2013.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Le pape François au cours d'une audience avec le corps diplomatique au Vatican, le 22 mars 2013. Des représentants de l'Afghanistan et de l'Arabie Saoudite, pays avec lesquels le Saint-Siège n'entretient pas de relations diplomatiques, étaient présents. (AFP/TONY GENTILE)
«Très positive et instructive». C’est ainsi que le porte-parole du Vatican, Frederico Lombardi, a qualifié la visite de 45 minutes des deux émissaires du Saint-Siège à Al-Azhar, une des plus hautes autorités du sunnisme. Le numéro deux du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, l'Espagnol Miguel Angel Ayuso Guixot, accompagné du nouveau nonce apostolistique en Egypte, Mgr Jean-Paul Gobel, ont été reçus dans la prestigieuse université par un collaborateur du grand imam Ahamad Al-Tayeb.
 
Le père Lombardi y a vu le signe d’une «disponibilité pour un rétablissement des relations» de la part d’Al-Azhlar. «Les perspectives sont encourageantes», a encore estimé le père Lombardi, évoquant une «bonne nouvelle». Les deux représentants du Saint-Siège ont remis aux autorités sunnites un message du cardinal français Jean-Louis Tauran, président du Conseil pontifical. Ce dernier multiplie les initiatives pour aplanir les incompréhensions nombreuses entre musulmans et chrétiens et dialoguer avec les différentes composantes de l’islam dans un contexte international tendu.

Partager des «valeurs communes»
Le 17 septembre 2013, le nonce catholique en Egypte avait été reçu par le grand imam Al-Tayyeb. L’archevêque français lui avait notamment remis une lettre du souverain pontife répondant aux vœux que l’université cairote avait envoyés, le 9 juin, après l’élection du pape argentin. Al-Azhlar avait alors souhaité que soient partagées des «valeurs communes» et que «s'ouvre une époque positive».

En août, François avait lui-même signé le traditionnel message envoyé au monde musulman pour l’Aid al-Fitr, fin du Ramadan. «Cette année, j'ai décidé de signer moi-même ce message traditionnel, comme expression d'estime et d'amitié envers tous les musulmans, spécialement envers leurs chefs religieux», a écrit François. Seul Jean Paul II avait fait de même en 1991. Dans son message papal, l'ex-archevêque de Buenos Aires s'adresse aux «musulmans partout dans le monde» qu’il appelle «chers amis»

«Odieuses généralisations»
Dans son exhortation «Evangelii Gaudium» ─ programme du pape pour stimuler l’Eglise ─, publié le 26 novembre 2013, François s'était inquiété d'«épisodes de fondamentalisme violent» tout en appelant à éviter «d'odieuses généralisations», «parce que le véritable islam s'oppose à toute violence», avait-il insisté.

La mosquée Al-Azhar du Caire avait gelé ses relations avec le Vatican, début 2011, suite à un attentat contre une église d’Alexandrie, qui avait alors conduit Benoît XVI à appeler à protéger les chrétiens. Ceci avait irrité le régime égyptien et la plus haute autorité de l’islam sunnite.
 
«Les problèmes n'étaient pas avec le Vatican mais avec l'ex-pape (Benoît XVI, NDLR), maintenant les portes d'Al-Azhar sont ouvertes», avait affirmé au printemps 2013 Mahmoud Abdel Gawad, influent conseiller de l'imam Ahmed Al-Tayeb d'Al-Azhar.

Le discours de Ratisbonne
Le pontificat de Benoît XVI (19 avril 2005-28 février 2013) avait, en effet, été marqué par la défiance des musulmans après ses déclarations, en 2006, à Ratisbonne (Allemagne). Dans son discours, le souverain pontife de l'époque avait semblé insinuer que l’islam était lié à la violence.

«Al-Azhar ne pouvait de toute façon pas rester isolée et devait sortir du problème qu’elle avait elle-même créé (en gelant le dialogue, NDLR)», commentait début décembre une haute source au Vatican, citée par La Croix, voyant dans la reprise de ce dialogue avant tout «un symbole».

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