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Syrie: le régime d’Assad responsable de l’attaque au gaz sarin, selon la France
Vingt jours après l’attaque chimique contre la localité syrienne de Khan Cheikhoun, Moscou annonce que Damas est prête à une trêve pour une enquête d’experts internationaux. Paris, qui n’a pas attendu pour mener la sienne et publier son rapport, conclut «avec certitude» que du sarin a bien été utilisé et qu’il porte la marque du régime de Bachar al-Assad.
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Après l’OIAC (Organisation pour l’Interdiction des armes chimiques), la Turquie et les Etats-Unis, la France accuse le régime de Bachar al-Assad d’être derrière la dernière attaque chimique en Syrie qui a fait 87 morts et 120 blessés à Khan Cheikhoun.
Sur la base d’un rapport des services de renseignement français qu’il a décidé de rendre public, le ministre des Affaires étrangères, Jean Marc Ayrault, confirme que du gaz sarin a bien été utilisé lors de l’attaque contre cette localité dans la province d’Idlib, et qu’elle porte la signature du régime syrien.
A Khan Cheikhoun, le même gaz sarin qu'à Saraqeb
Le rapport français s’appuie sur des prélèvements sur place et analyses effectuées sur les victimes. «La chaîne de traçabilité» des échantillons et les analyses effectuées au Centre d’études du Bouchet, en région parisienne, le laboratoire de référence en France, sont «conformes» aux normes internationales, a précisé une source diplomatique citée par l’AFP.
«Nous sommes en mesure de confirmer que le sarin employé le 4 avril est le même sarin que celui qui a été employé dans une attaque intervenue à Saraqeb le 29 avril», a déclaré le chef de la diplomatie française, à l’issue d’un conseil de défense réuni à l’Elysée autour de François Hollande.
Le sarin prélevé à Khan Cheikhoun a en effet été comparé avec des prélèvements réalisés après l’attaque de 2013 dans le nord-ouest, imputée au régime. La France avait récupéré à l’époque une munition non explosée et en avait analysé le contenu.
Dans les deux cas, de l’hexamine, un stabilisant, a été retrouvé. «Ce procédé de fabrication est celui développé par le CERS, le Centre de recherches et d’Etudes Scientifique de Syrie, au profit du régime syrien», précise le rapport.
Un rapprot accablant pour Bachar al-Assad qui parle de «fabrication à 100%»
Enfin, en ce qui concerne le mode de dispersion, l’analyse du contexte militaire fait dire à la France que l’aviation du régime, en particulier un chasseur bombardier Sukhoï 22, décollant de la base de Chaayrat, a effectué des frappes aériennes sur la localité le 4 avril au matin. Et seul le régime dispose de ces moyens aériens.
Ce rapport accablant pour Bachar al-Assad, qui affirmait il y a quelques jours que l’attaque chimique était une fabrication à 100%, vient conforter d’autres accusations. Celle de l’OIAC, qui a effectué des prélèvements sur dix victimes de l’attaque de Khan Cheikhoun. Analysés dans quatre laboratoires, ces prélèvements «témoignent d’une exposition au gaz sarin ou à une substance similaire, (…) les résultats d’analyses déjà disponibles sont irréfutables», avait déclaré Ahmet Uzumcu, le directeur de l’OIAC basée à La Haye.
Celle de la Turquie qui a pu elle aussi effectuer des analyses sur des blessés. Celle du secrétaire américain à la Défense Jim Mattis qui estimait n’avoir «pas de doute» sur le fait que le régime ait conservé des armes chimiques.
Washington a d’ailleurs déjà pris des sanctions, gel d’avoirs et interdictions de relations d’affaires, contre 272 scientifiques du CERS ayant travaillé en appui du «programme d’armes chimiques» du centre depuis au moins 2012.
Moscou annonce que Damas est prête à une trêve pour enquête
Deux jours avant le nouveau rapport français, le 24 avril 2017, c'est-à-dire vingt jours après le bombardement chimique, c’est l’armée russe qui annonçait que le régime syrien était prêt à instaurer un cessez-le-feu à Khan Cheikhoun, ville sous contrôle rebelle, si des experts internationaux y étaient envoyés pour enquêter.
«Nos collègues syriens ont également confirmé leur volonté d’assurer les conditions de sécurité nécessaires pour le travail d’une mission spéciale d’experts à l’aérodrome de Shaayrat», a indiqué le ministère russe de la Défense.
Moscou et Téhéran, les deux protecteurs d’Assad, persistent à demander aux enquêteurs de se rendre sur la base aérienne de Shaayrat, d’où à décollé le bombardier et sur laquelle se sont abattus les Tomahawk américains en représailles, pour «vérifier les allégations concernant le stockage d’armes chimiques» à cet endroit.
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