Orlando Zapata Tamayo, 42 ans, s'est éteint mardi dans un hôpital de La Havane à la suite d'une grève de la faim
Considéré comme un prisonnier de conscience par Amnesty International, il ne mangeait plus depuis 85 jours pour dénoncer ses conditions de détention.
Zapata purgeait depuis 2003 une peine de 32 ans pour troubles à l'ordre public, résistance et irrespect envers le gouvernement, selon l'ONG. Il devait être inhumé jeudi sous l'oeil de la police.
Amnesty International avait répertorié ce maçon et plombier, qui était membre d'une organisation de défense civique illégale, sur sa liste des 58 "prisonniers de conscience" de Cuba.
Des obsèques sous haute surveillance
Les obsèques d'Orlando Zapata Tamayo devaient avoir lieu jeudi dans la localité de Banes, dans l'est de Cuba, sous l'oeil vigilant des forces de l'ordre. Mercredi, la police a procédé à une série de détentions préventives. Depuis mardi, une trentaine d'opposants, pour la plupart de la province orientale de Holguin, ont été interpellés. D'autres dissidents seraient assignés à résidence le temps des obsèques, a affirmé la Commission cubaine pour les droits de l'Homme, une organisation illégale mais tolérée par le pouvoir cubain.
Des policiers en civil et des agents de la Sécurité d'Etat se sont également déployés aux entrées de la ville ainsi qu'aux alentours du cimetière et de la maison de la mère de Zapata, Reina Luisa Tamayo, ont affirmé des dissidents sur place, des déclarations impossibles à confirmer auprès d'autres sources. Enfin, il a été conseillé aux journalistes étrangers en poste à Cuba - qui attendent pour la plupart depuis un an le renouvellement de leur accréditation - de ne pas se rendre à Banes pour cette affaire passée sous silence par leurs collègues des médias cubains.
Selon la Commission pour les Droits de l'Homme et la Réconciliation nationale, Orlando Zapata Tamayo est le premier prisonnier politique cubain à mourir des suites d'une grève de la faim depuis le début des années 1970. Le dernier cas remontait à 1972, avec la mort du poète et leader estudiantin Pedro Luis Boitel, a rappelé le journal américain "Miami Herald" sur son site internet.
"C'est une grande tragédie pour sa famille et une très mauvaise nouvelle pour tous les mouvements de défense des droits de l'Homme, mais aussi pour le gouvernement qui devra payer le prix politique de cette mort", a déclaré à l'AFP Elizardo Sanchez, à la tête de la Commission, une organisation illégale mais tolérée par le régime castriste. Sanchez a dénoncé "un assassinat virtuel, prémédité", accusant les autorités d'avoir trop tardé à offrir des soins au dissident qui avait a été transféré la semaine dernière de Camaguey (centre), où il était incarcéré, à l'hôpital Hermanos Ameijeiras de La Havane.
Cuba comptait au début de cette année, selon la dissidence cubaine, 201 détenus politiques, dont une soixantaine ont été reconnus prisonniers de conscience par Amnesty international, basée à Londres. Les autorités cubaines accusent les dissidents d'être des "agents" ou des "mercenaires" à la solde des Etats-Unis.
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