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Badke: un spectacle de danse palestinien joué en Israël

Dix jeunes Palestiniens ont présenté à Marseille «Badke», un spectacle belgo-palestinien de danse contemporaine. Ils détournent la dabke, une danse traditionnelle du Proche-Orient, pour, notamment, évoquer l’enfermement des Territoires.
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Capture d'écran d'une vidéo de la compagnie belge KVS, mis en ligne sur Youtube. (Capture d'écran d'une vidéo de la compagnie belge KVS)

Badke est évidemment un anagramme : celui de dabke, nom d’une danse traditionnelle dans les fêtes populaires et les mariages au Liban, en Syrie, en Palestine, en Irak. Celle-ci est dansée par des hommes et des femmes qui se tiennent en ligne.

Le spectacle est né dans le cadre d’une coopération, depuis 2006, entre le KVS (Théâtre royal flamand de Bruxelles), les ballets C de la B du chorégraphe Alain Platel à Gand (Belgique) et la A.M. Qattan Foundation, une fondation privée implantée à Ramallah et à Gaza. But de la coopération: lancer des projets avec de jeunes artistes palestiniens. C’est donc dans ce cadre qu’en 2012 ont été auditionnés dix danseurs pour Badke, créé l’année suivante par la dramaturge Hildegard De Vuyst (avec Koen Augustijnen et Rosalba Torres Guerrero).

Badke est l’«exploration d’une dabke qui n’exprime pas seulement le désir palestinien sans égal ‘‘d’appartenir quelque part’’, mais aussi le souhait de faire partie d’un monde au dehors», explique le site fransbood.com. Résultat: le spectacle est un mélange d'éléments traditionnels et contemporains.

Plusieurs des danseurs retenus ont grandi avec la tradition du dabke, d'autres non. Certains s'en sont lassés, d'autres en ont fait leur métier, comme Salma Ataya, 25 ans, qui a débuté avec la dabke avant d'aborder la danse contemporaine. Fadi Zmorrod, lui, vient du cirque. Il est cofondateur de l'école du cirque palestinienne.

Enfermement et joie de vivre
Présenté dans les médias comme le premier danseur classique palestinien professionnel, Ayman Safiah, a été formé à Londres à la Rambert Scool of Ballet and Contemporary Dance. Samaa Wakeem a aussi suivi une formation classique avant de se tourner vers le théâtre. Ameer Sabra est adepte du hip-hop, comme les frères Mohammad et Samer Samahnah qui l'ont pratiqué au camp de réfugiés palestiniens Askar, près de Naplouse. Maali Maali entraîne un groupe de danse acrobatique, type capoeira, à Ramallah.

Au cours du spectacle, certains décrivent leurs angoisses nées des difficultés à circuler en Israël notamment quand ils sont en tournée. Pour Hildegard De Vuyst, Badke et sa musique en boucle, en l’occurrence celle de Naser al-Faris, au son lancinant du mijwiz (sorte de flûte), c'est aussi la traduction de l’enfermement dans les Territoires, et la volonté d'en sortir. «Nous n’avons pas voulu montrer la violence ou la guerre. Nous avons voulu montrer la résilience (capacité à vivre en surmontant les traumatisme et l’adversité, NDLR) et la soif de vivre», explique Hildegard De Vuyst, cité par le site alternatif canadien rabble.ca.  

Depuis son lancement, le spectacle a été joué au Canada, aux Etats-Unis et en Europe. Mais le plus intéressant, c’est qu’il l’a été à la fois en Cisjordanie, à Jérusalem et en Israël. Une tournée qui n’a pas été exempte de tensions. Mais qui a eu lieu.

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