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Témoignages "La vraie guerre va commencer après la guerre" : à Gaza, sous les bombes, l'insécurité grandit alors que les Palestiniens sont privés de tout

C'est une nouveauté dans la société gazaouie, habituellement extrêmement solidaire. La pression du blocus imposé par Israël et la force des bombardements sont telles que l'insécurité grandit dans l'enclave palestinienne.
Article rédigé par Etienne Monin - édité par Théo Uhart
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Des Palestiniens profitent de la trêve pour constater les dégâts à Gaza City. (AFP)

Ce matin-là, alors qu'il part au marché de Deir-el-Balah, Nabil entend des coups de feu. "Les gens couraient", raconte-t-il. Ils sont tirés par des Palestiniens en civil, qui viennent empêcher la revente de produits volés dans les stocks des Nations unies.

Car en plus des bombardements à Gaza, les réfugiés qui s’entassent dans le sud de l'enclave sont aussi victimes de l’insécurité. Les habitants manquent de tout, les vols se multiplient, il n'y a plus vraiment de véritable service de sécurité. "Je crois que ce sont des policiers en civil qui tirent. Ils disent qu'ils vont arrêter ça", ajoute Nabil.

"Cette guerre est différente"

L’insécurité à Gaza fait très clairement partie du paysage désormais. "On est habitués à des bombardements, j'ai vécu six guerres, c'est la septième. Mais cette guerre est différente", ajoute Nabil. Une nouveauté dans ce territoire où la solidarité a toujours prévalu, même dans les pires moments.

"La situation est plus que catastrophique. C'est la loi du plus fort."

Nabil, habitant de Gaza

à franceinfo

"La vraie guerre va commencer après la guerre", avertit Nabil. Même acheter un sac de farine est devenu risqué. "Il faut avoir un lieu sûr pour le mettre car les gens cherchent à arrêter des voitures pour prendre les sacs de farine s'il y en a", témoigne Khaled.

"Il n'y aura plus de sécurité" après la guerre

Il faut dire que le gros sac de farine coûte 60 euros. Il n’y a même plus de pain par endroits, faute de gaz dans les boulangeries. Tous les prix ont d'ailleurs augmenté. "On ne trouve pas de sel, le sucre est plus cher qu'avant", liste Khaled. "Le bois ne sert qu'à se nourrir et à chauffer de l'eau pour se laver", témoigne-t-il. Khaled calcule : le prix du bois a été multiplié par 5 depuis début octobre.

Même les maisons se font piller "par des voleurs, des Palestiniens comme nous", se désole Asma, installée dans la grande ville de Khan Younès, dans le sud de Gaza. "Ils ont volé la maison de ma sœur, ils ont pris la télévision, des choses qu'ils peuvent revendre", dit Asma. Autour d'elle, elle ne voit plus de policier, plus d’administration non plus. Il y a quelques semaines, celle-ci était essentiellement dirigée par le Hamas. "Quand la guerre finira, il n'y aura plus de police, plus de sécurité", regrette Asma, qui résume ainsi le dilemme de Gaza : "D'un côté, c'est la guerre, de l'autre, les voleurs. À la fin, c'est toujours le peuple qui paye la facture de ces guerres."

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