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L’impasse politique aux Pays-Bas

Le 23 avril 2012, le gouvernement de Mark Rutte a démissionné provoquant une crise majeure aux Pays-Bas. En cause, le refus du parti d’extrême-droite qui le soutenait de se plier aux exigences de Bruxelles en matière budgétaire.
Article rédigé par Catherine Le Brech
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le ministre de l'Economie et leader chrétien-démocrate Maxime Verhagen, le Premier ministre libéral Mark Rutte et le leader du Parti pour la Liberté Geert Wilders à l'époque de l'entente cordiale, le 30 septembre 2010 à La Haye. (VALERIE KUYPERS / ANP / AFP)

Après sept semaines de secrètes mais vaines négociations avec l’eurosceptique Parti pour la Liberté sur les coupes à effectuer dans les finances publiques, le Premier ministre a jeté l’éponge. Ce qui a provoqué l’éclatement de la coalition minoritaire au pouvoir.

Le parti populiste soutenait depuis 18 mois les libéraux de Mark Rutte alliés aux chrétiens-démocrates, sans toutefois faire partie du gouvernement. Augurant du conflit à venir, son leader provocateur Geert Wilders avait annoncé la couleur peu après le début des négociations le 5 mars, en demandant le retour du florin comme monnaie nationale.

L'opposition sollicitée face à l’urgence de la situation
Le Premier ministre Mark Rutte a sollicité le 24 avril le soutien de l'opposition pour entériner les mesures d’économies (hausse de la TVA, gel du salaire des fonctionnaires et réduction des budgets de la santé et de l'aide aux pays en développement). Une quinzaine de milliards d’euros pour revenir sous les 3% du PIB, comme l’exige le pacte européen de stabilité.

Les principaux partis d'opposition, affirmant que des économies drastiques seraient néfastes à la population et au pays, les ont refusées. Rutte a toutefois réussi à renégocier avec eux un train d'économies, en vue de présenter son plan budgétaire à l'UE avant le 30 avril.

A la tête de cette monarchie parlementaire, la reine Beatrix lui a demandé le 25 avril de dissoudre l’Assemblée pour permettre la tenue d'élections législatives anticipées le 12 septembre.

 

La Haye, le 23 avril 2012: Mark Rutte arrive au palais royal pour présenter à la reine Beatrix la démission de son gouvernement. (ANP ROBIN UTRECHT)

 

Fini le rôle de modèle économique
Cette décision de resserrer les boulons fait suite aux prévisions du Bureau central du plan anticipant dès février un dérapage des finances publiques en 2013 sans mesures ad hoc. Fin 2011, des indicateurs économiques mettaient déjà l’accent sur un risque de déficit budgétaire à 4,5 % du PIB l’an prochain. Et ce, alors que 18 milliards de coupes avaient déjà eu lieu sur le budget 2012.

Selon le rapport, le pays se retrouve confronté «aux mêmes problèmes que l'Italie et l'Espagne». Une surprise pour ce bon élève de la zone euro – encore triple A avec l’Allemagne, la Finlande et le Luxembourg – embarqué sur le même bateau que la Grèce ou le Portugal dont La Haye dénonçait il y a peu le laxisme en matière de gestion budgétaire.

Des partis mais pas de majorité
Une enquête, menée par l'institut Maurice de Hond après l'annonce de l'échec des discussions, a montré que l'électorat néerlandais restait fragmenté.

Les législatives anticipées pourraient aboutir à un Parlement morcelé compliquant la formation d'une nouvelle coalition. D’autant qu’aucun parti n’aurait la majorité, selon le sondage, qui montre toutefois que les Libéraux de Mark Rutte pourraient tirer leur épingle du jeu en gagnant même un siège ou deux sur les 150 en jeu. Ils en possèdent 31 dans l'actuelle législature.

Les autres sièges se partageraient entre le Parti socialiste eurosceptique (30 sièges) et le Parti travailliste pro-européen (24 sièges). Les chrétiens démocrates reculeraient (11 sièges) tout comme le parti de Wilders (19 sièges). Ses prises de position n’ont pour l’heure pas eu l’effet escompté : il est en repli dans les sondages.

 

Geert Wilders parie son avenir politique sur un vote anti-européen

Euronews, le 24 avril 2012

 

Les agences de notation s’agitent
Alors que la chute du gouvernement semblait encore récemment peu probable aux économistes, ce feuilleton ouvre une période d'instabilité politique dans l'un des pays les plus solides de la zone euro. Les investisseurs commencent à douter de la capacité des Européens à surmonter le poids de leurs dettes et les agences de notation se manifestent.

Dès janvier Standard & Poor's a prévenu d’une possible dégradation du AAA des Pays-Bas s'ils s'écartaient trop de la ligne de réduction des déficits. Fitch lui a emboîté le pas fin mars. Une décision qui aurait pour conséquence d’augmenter les taux d’emprunts du royaume.

Si jusqu’à ce jour les opinions publiques face à l'austérité s’exprimaient surtout au sud – les équipes dirigeantes au Portugal, en Grèce, en Espagne et en Italie étaient tombées –, elles gagnent le nord de l'Europe.

Comme pour faire écho aux préoccupations des Européens, le président de la BCE Mario Draghi a plaidé le 25 avril pour un nouveau «pacte de croissance», estimant que «l’Europe de l’austérité» ne suffisait pas.

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