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Peine de mort : le nombre d'exécutions dans le monde à un niveau inégalé depuis 1989

Dans son rapport annuel sur ce sujet, l'ONG Amnesty chiffre à "au moins 1 634" le nombre d'exécutions dans le monde en 2015. Un record depuis 25 ans.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Une personne manifeste à Tunis (Tunisie) pour protester contre des peines de mort prononcées par la justice du pays, le 29 mai 2015. (YASSINE GAIDI / ANADOLU AGENCY / AFP)

La secrétaire générale d'Amnesty International évoque une hausse "profondément inquiétante". Les exécutions de condamnés à mort ont bondi de plus de 50% dans le monde en 2015, atteignant leur plus haut niveau depuis 1989. C'est ce que rapporte, mercredi 6 avril, l'organisation de défense des droits de l'homme Amnesty International. Francetv info détaille ce rapport en trois points.

Au moins 1 634 exécutions dans le monde en 2015

Dans son rapport annuel sur la peine de mort, Amnesty chiffre à "au moins 1 634" le nombre d'exécutions dans le monde en 2015, soit une hausse de 54% par rapport à 2014. Ces exécutions, recensées dans 25 pays, sont concentrées à 89% dans trois d'entre eux : "L'Iran, le Pakistan et l'Arabie saoudite ont fait exécuter un nombre impressionnant de condamnés à mort, à l'issue bien souvent de procès d'une iniquité flagrante. Ce massacre doit cesser", constate Salil Shetty, secrétaire général d'Amnesty International.

Au moins 977 exécutions ont été recensées en Iran par Amnesty International, 326 au Pakistan et au moins 158 en Arabie saoudite. Viennent ensuite les Etats-Unis, avec 28 exécutions. Ces chiffres, comme d'habitude, n'englobent pas la Chine. Là-bas, ce type de statistiques est classé secret d'Etat. Mais selon Amnesty, ce pays, où "des milliers" de personnes seraient exécutées chaque année, "reste le premier bourreau mondial".

L'Iran, l'Arabie saoudite et le Pakistan pointés du doigt

Depuis l'accord historique sur le nucléaire conclu en juillet, l'Iran est engagé dans "d'intenses efforts diplomatiques" avec les grandes puissances occidentales mais "les droits de l'homme ont été complètement laissés de côté", a déclaré James Lynch, directeur adjoint pour le Moyen-Orient et l'Afrique du nord chez Amnesty International.

Au Pakistan, le moratoire sur la peine capitale en vigueur depuis 2008 a été levé à la suite de l'attaque perpétrée par des talibans dans une école de Peshawar en décembre 2014.

Quant à l'Arabie saoudite, environ la moitié des personnes exécutées depuis le milieu des années 1980 sont des étrangers, a précisé James Lynch. "Ce sont généralement des travailleurs migrants (...) qui ne parlent pas l'arabe et ont encore moins de chance d'avoir un procès équitable", explique-t-il.

La tendance mondiale est à la baisse

Petite note plus positive. Aux Etats-Unis, 28 personnes ont été exécutées l'an dernier, le chiffre le plus bas depuis 1991, selon l'ONG. "Heureusement, les Etats qui procèdent à des exécutions sont minoritaires et de plus en plus isolés. Les autres ont pour la plupart renoncé à la peine capitale et, en 2015, quatre nouveaux pays ont complètement retiré ce châtiment barbare de leur législation", s'est toutefois réjoui Salil Shetty.

"Malgré l'augmentation choquante des exécutions en Iran, au Pakistan et en Arabie saoudite, la tendance mondiale sur le long terme est à l'abolition de la peine de mort", souligne Amnesty International, rappelant que lorsque l'organisation a commencé à faire campagne contre la peine capitale, en 1977, seuls 16 pays l'avaient abolie.

L'année dernière, la République du Congo, les îles Fidji, Madagascar et le Suriname ont aboli la peine capitale. Résultat, le monde compte désormais une majorité d'Etats abolitionnistes, soit 102. L'organisation comptabilise un total de 140 pays dans le monde abolitionnistes dans leur législation ou dans les faits, c'est-à-dire ceux qui n'ont pas procédé à des exécutions au cours des dix dernières années.

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