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Document franceinfo Nobel de physique : "Je me réveille un peu comme dans un rêve. C'est assez extraordinaire", réagit Anne L’Huillier

Le prix Nobel de physique a été attribué ce mardi, notamment à la franco-suédoise Anne L'Huillier pour des travaux sur les mouvements des électrons. "J'ai appris la nouvelle pendant un cours", raconte-t-elle.
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Anne L'Huillier a reçu le prix Nobel de physique le 3 octobre 2023. (OLA TORKELSSON / TT NEWS AGENCY)

"Je me réveille un peu comme dans un rêve. C'est assez extraordinaire", a réagi mercredi 4 octobre sur franceinfo Anne L’Huillier, physicienne, franco-suédoise, co-lauréate du prix Nobel de physique avec le Français Pierre Agostini, et l'Austro-hongrois Ferenc Krausz pour leurs recherches sur les flashs lumineux qui ont permis de comprendre les mouvements ultra-rapides des électrons dans les atomes et molécules.

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franceinfo : Qu'est-ce que cela fait de recevoir le Nobel ?

Anne L'Huillier : Je me réveille un peu comme dans un rêve. C'est assez extraordinaire. J'ai appris la nouvelle pendant un cours. J'ai vu mon téléphone vibrer et pendant la pause, j'ai répondu et j'ai appris que j'avais le prix Nobel. J'ai voulu continuer mon cours, d'autant plus que la nouvelle était secrète jusqu'à l'heure suivante. J'ai réussi à faire une demi-heure de plus.

Vos élèves se sont-ils douté de quelque chose ?

Je suis restée concentrée, mais je crois qu'ils ont deviné. Ils ont vu mon visage et ils savaient. En Suède, tout le monde est au courant que le Nobel est annoncé, cela fait partie de la vie de tous les jours. Donc, c'était assez extraordinaire.

Vos recherches portent sur les phénomènes ultrarapides de l'ordre de l'attoseconde, c'est un milliardième de milliardième de seconde. Comment êtes-vous parvenue à travailler cette échelle de temps ?

Le processus qui permet de générer cela, s'appelle la génération d'harmoniques d'ordre élevé. Ce sont des travaux que j'ai commencé en France au commissariat d'énergie atomique à Saclay, en Essonne, à la fin des années 80. Ces harmoniques, ensemble, forment des impulsions lumineuses très, très courtes. C'est un petit peu comme le flash d'une caméra, mais en très court. C'est de l'ordre de 100 attosecondes, c'est une échelle de temps très courte. On utilise ces flashs pour suivre une dynamique, un mouvement très rapide, et c'est le mouvement des électrons dans la matière.

Cela va-t-il permettre de voir de nouvelles choses ?

C'est un nouvel instrument. C'est pour de nouvelles méthodes expérimentales et cela va permettre de voir des choses nouvelles.

"Cela peut déboucher sur une meilleure compréhension du début d'une réaction chimique induit par l'absorption de lumière"

Anne L'Huillier, prix Nobel de physique

à franceinfo

Il y a aussi des applications pour l'industrie des semi-conducteurs. On va mieux comprendre ce qui se passe au début d'une réaction.

Pourquoi avez-vous fait le choix d'aller en Suède plutôt que de rester en France ?

La France se porte bien en recherche fondamentale et dans le domaine de la physique atomique et avec des lasers, la France est très forte au plan international. Les Suédois s'étaient procurés un laser nouveau et très intéressant et unique en Europe. Ils m'ont invitée à faire des expériences chez eux pendant quelques semaines et là, j'ai rencontré mon futur mari. Donc je suis partie pour des raisons familiales.

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