: Reportage "C'est notre mission humanitaire" : le plus grand hôpital de l'est du Liban poursuit son activité, malgré les ordres d'évacuation d'Israël
Un toutes les demi-heures : c’est le rythme de morts, en moyenne, sous les bombardements israéliens au Liban depuis le lundi 11 novembre. Au total, près de 3 500 morts et plus de 15 000 blessés ont été dénombrés depuis le début du conflit. Des hôpitaux sont parfois débordés. À Baalbek, dans l’est du pays, l’armée israélienne a ordonné l’évacuation de la ville et poursuit des bombardements meurtriers. Le plus grand centre hospitalier de la région est désormais en zone rouge, menacé, mais les soignants refusent d’évacuer. Une situation de tension extrême.
À l’hôpital Dar Al Amal de Baalbek, une enfant de 3 ans se tord de douleurs. Il y a trois jours, Céline a survécu à une frappe israélienne dans son village de Bouday. Hussein, son oncle, se tient à ses côtés : "Ses parents et ses frères et sœurs ont tous été tués. Elle a trop de fractures, elle est entièrement traumatisée et fait des crises de panique." La petite est couverte de brûlures et de bandages. Les médecins n’ont pas réussi à sauver sa jambe droite. Elle attend encore d'autres opérations, mais depuis le début du mois, l’armée israélienne a décrété que l’hôpital était en zone d’évacuation.
"On laisse aux patients le choix de décider"
Ali Allam, le directeur, fait le point sur cette situation très difficile. "On laisse aux patients le choix de décider. La dernière fois, on a reçu un ordre israélien d'évacuer par téléphone nous disant qu'on était près d’intérêts du Hezbollah. C’est illégal, mais qui est là pour leur rappeler la loi ?, demande-t-il. Au final, il y a une chose plus importante que nos vies, c’est notre mission humanitaire. Alors, nous ne partirons pas."
Le personnel explique que, depuis le début du mois, plusieurs dizaines de patients arrivent chaque jour. La plupart sont déplacés, touchés dans des zones qui n’avaient reçu aucun ordre d’évacuation. Au dernier étage, Zeina prend soin des couveuses pour les bébés prématurés et ceux blessés par la guerre : "On a reçu un bébé qui se trouvait près d’une explosion, recouvert de verre sur le corps et le visage. Et on a Mariam aussi, un bébé qui a eu le crâne fracturé après une frappe."
"Des bébés qui sont trop fatigués"
Dans la petite pièce, certains survivent sous oxygène : "On a des bébés qui sont trop fatigués… Si on doit un jour partir, on ne pourra pas les emmener. On devra prendre ceux qui ont une chance de survie." Aux portes de l’hôpital, les victimes continuent d’affluer. Un camion frigorifique vient d’être acheminé pour servir de morgue provisoire. Celle de l’hôpital est pleine.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.