Bombardement d'une zone humanitaire à Gaza : Médecins du Monde dénonce "des conditions d'inhumanité monstrueuse"

Au moins 40 personnes ont été tuées par une frappe israélienne qui a touché une zone humanitaire dans l'enclave palestinienne.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des Palestiniens aux abords du cratère laissé par la frappe israélienne à Khan Younès, le 10 spetembre 2024. (BASHAR TALEB / AFP)

Une frappe israélienne sur la zone humanitaire d'al-Mawassi à Khan Younès dans la bande de Gaza a fait au moins 40 morts et 60 blessés mardi, selon la Défense civile. "Depuis 11 mois, il n'y a jamais vraiment eu de zones sûres, en tout cas de zones protégées dites 'humanitaires' effectives dans la bande de Gaza", dénonce mardi 10 septembre sur franceinfo Jean-François Corty, médecin, président de Médecins du Monde et chercheur associé à l'IRIS. "Ce sont des conditions d'inhumanité monstrueuse""les civils savent qu'ils peuvent mourir à n'importe quel moment", poursuit-il. Pour Jean-François Corty, "la communauté internationale est en train de passer à côté de ce drame humain".

franceinfo : Cette zone d'al-Mawassi n'a d'humanitaire que le nom ?

Jean-François Corty : Depuis 11 mois, il n'y a jamais vraiment eu de zones sûres, en tout cas de zones protégées dites "humanitaires" effectives dans la bande de Gaza. Il y a eu plusieurs bombardements dans ces zones qui ont tué des civils. Ces zones ne sont pas vraiment humanitaires et ça n'a pas vraiment de valeur juridique, elles ont été décidées unilatéralement par l'armée israélienne. Le droit international rappelle qu'il faut distinguer les civils des combattants. Et de fait dans ce qui s'est passé, les civils payent un lourd tribut. Le droit humanitaire n'est pas du tout respecté. C'est une crise humanitaire qui est créée par le siège, une volonté politique. Il y a deux millions de civils qui sont en train de mourir à petit feu. On est sur des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité au quotidien. On est dans une probable dynamique de génocide, si je reprends les termes des Nations unies, il faut vraiment agir pour que les choses changent. 

Quelle est la situation dans cette zone où a eu lieu ce bombardement ?

Vous avez près de 40 000 personnes dans ce territoire. Ce sont des populations qui ont été déplacées à plusieurs reprises. 90% de la population de Gaza a été déplacée. Ce sont des gens qui vivent à même le sol, sous des tentes, des gens qui n'ont plus rien et qui sont en bout de course. Ce n'est pas étonnant qu'on voie une épidémie de malnutrition, il y a des infections respiratoires et digestives. Nos équipes sont en difficulté et on n'arrive pas à couvrir tous les besoins. Les humanitaires sont impuissants. On est dans une famine de nature intentionnelle. Vous avez énormément de problèmes psychologiques. Les civils ce sont des zombis, ils entendent en permanence le bruit des drones, des bombardements, ils savent qu'ils peuvent mourir à n'importe quel moment. Ce sont des conditions d'inhumanité monstrueuse.

Et comment, vous les humanitaires, arrivez à travailler dans ces conditions ?

On arrive à travailler mais dans des conditions difficiles, on fait venir du matériel qui est stocké soit en Égypte, soit en Israël. Nos équipes prennent des risques au quotidien pour faire de la santé primaire, de la vaccination. Ce sont des zones extrêmement dangereuses où près de 300 humanitaires ont été tués depuis 11 mois. Il faut un cessez-le-feu massif, il faut que l'aide inonde ce territoire, il faut faire respecter la Cour internationale de justice et la Cour pénale internationale. Il y a tout un tas d'éléments qui pourraient atténuer la souffrance des civils mais malheureusement la communauté internationale est en train de passer à côté de ce drame humain.

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