Conflit israélo-palestinien : "Les extrémistes dictent leur volonté", déplore le président du Forum international pour la paix
Après l'accord de cessez-le-feu entre le Hamas et Israël, Ofer Bronchtein appelle à "renforcer et encourager" les sociétés civiles israélienne et palestinienne pour éviter une nouvelle guerre.
Alors qu'un cessez-le-feu a mis fin, vendredi 21 mai, à dix jours d'affrontements entre l'armée isarélienne et le Hamas, le président du Forum international pour la paix estime que sans des "pressions nécessaires", "on verra un énième conflit dans quelques mois ou quelques années". Selon Ofer Bronchtein, il faut "renforcer" la société civile israélienne et les modérés palestiniens. Quelques heures seulement après la trêve, de nouveaux heurts ont éclaté entre fidèles palestiniens et policiers israéliens sur l'esplanade des Mosquées, à Jérusalem-Est.
franceinfo : Est-ce qu'il faut en conclure que la trêve est déjà finie?
Ofer Bronchtein : Il ne faut pas confondre les choses. Le cessez-le-feu a été conclu entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza. Il n'a pas été conclu en Cisjordanie, donc il n'engage pas les Palestiniens et les Israéliens qui peuvent continuer malheureusement leurs affrontements habituels à Jérusalem. C'est le énième cessez-le-feu, c'est très bien.
On ne réglera pas le problème israélo-palestinien militairement. Il ne peut se régler que politiquement et diplomatiquement.
Ofer Bronchteinà franceinfo
La situation à Gaza est catastrophique. 70% de la population est au chômage, il n'y a presque plus d'eau potable. Le revenu annuel à Gaza y est de 1 800 euros quand il est de 40 000 dollars en Israël. Si on ne fait pas les pressions nécessaires sur les uns et les autres pour revenir à la table des négociations et enfin arriver à des accords de paix, on verra dans quelques mois ou quelques années un énième conflit.
Jérusalem-Est est un baril de poudre prêt à exploser à tout moment ?
Jérusalem a toujours été une poudrière et, malheureusement, dans la région, il y a beaucoup de pyromanes. Quand on touche à Jérusalem, considérée comme sacrée par les religieux, on touche à l'irrationnel. Moi, je ne comprends pas la notion de Terre sainte. La seule chose qui est sacrée pour moi, c'est la vie. Et malheureusement, Israéliens et Palestiniens continuent à payer de leur vie pour des accords qui n'arrivent pas.
Malheureusement, en Cisjordanie, les modérés palestiniens et le président Mahmoud Abbas, qui ne prônent pas la violence, ont été marginalisés et affaiblis. C'est avec eux qu'il faut reprendre les négociations.
Ofer Bronchteinà franceinfo
La société civile a un rôle très important à jouer. Il y a des centaines d'organisations israéliennes et palestiniennes qui travaillent ensemble au quotidien. Avec les réseaux sociaux, il y a des milliers d'Israéliens et de Palestiniens qui sont en contact quotidien. C'est eux qu'il faut renforcer et encourager.
Comment les obliger à revenir à la table des négociations ?
Nous, contribuables européens, avons dépensé plus de 18 milliards d'euros ces dernières années pour aider l'Autorité palestinienne. L'Europe est également le principal marché économique d'Israël. L'Europe doit donc se donner les moyens politiques d'avoir un levier de pression. Certains terroristes qui ont sévi en France ces dernières années disent qu'ils le font au nom de la cause palestinienne. On ne peut pas l'accepter. On ne peut plus payer sans avoir des résultats. Ni le Hamas ni le gouvernement israélien actuel ne représentent la volonté du peuple. La majorité des Israéliens et des Palestiniens croient en la solution des deux Etats. Les extrémistes dictent leur volonté de belligérance et de guerre à la majorité des Israéliens et des Palestiniens. Ils ne représentent pas la volonté de la majorité. Cette société civile, ces citoyens israéliens qui veulent être tranquilles et ces Palestiniens qui veulent vivre dans la dignité et dans l'indépendance méritent notre soutien.
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