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Témoignage Gaza : "Si du carburant ne rentre pas, les hôpitaux vont complètement arrêter de fonctionner", alerte le coordonnateur de l'aide humanitaire pour l'ONU

L'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens estime qu'elle ne pourra plus assurer ses opérations à Gaza à partir de mercredi soir, si elle ne reçoit pas de carburant. Un responsable onusien a témoigné sur franceinfo.
Article rédigé par Etienne Monin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des Palestiniens font la queue avec des jerrycans dans une station-service de la ville de Gaza, le 19 octobre 2023, au milieu des combats en cours entre Israël et le groupe palestinien Hamas. (MAJDI FATHI / NURPHOTO)

Alors que le conflit entre le Hamas et Israël en est à son 19ème jour, mercredi 25 octobre, les agences de l'ONU s'inquiètent d'un effondrement de leur capacité d’intervention à Gaza à cause du manque d’essence. L'UNRWA, l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens, a annoncé mardi 24 octobre qu’elle serait contrainte de cesser ses opérations dans la bande de Gaza mercredi 25 octobre au soir, si elle n’obtenait pas de carburant. Cela aurait donc des conséquences sur les plans humanitaire, médical et sanitaire.

Actuellement, la situation est telle que Noel Tsekouras, qui coordonne l'aide humanitaire à Gaza pour l'ONU, a dû visiter mardi 24 octobre les urgences d'un hôpital à la lumière de son téléphone portable. Ce responsable de l'Ocha, le bureau de la coordination des affaires humanitaires, un département du secrétariat de l'ONU, explique que les réserves de fioul des Nations unies sont sur la fin.

D'après lui, le compte à rebours est enclenché : "On a encore du carburant peut-être jusqu'à jeudi, vendredi tout au plus. Après, il n'y a plus une goutte de carburant à Gaza, sauf ce que les individus ont stocké chez eux pour faire tourner leurs groupes électrogènes ou pour faire fonctionner leurs véhicules".

"Les camions n'ont pas apporté de carburant"

Natalie Boucly, secrétaire générale adjointe de l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA)

Natalie Boucly, secrétaire générale adjointe de l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), a elle aussi tiré la sonnette d'alarme. "Les camions n'ont pas apporté de carburant", a-t-elle déploré mercredi 25 octobre sur France Inter. Avant l'attaque du Hamas contre Israël, le 7 octobre, "jusqu'à 500 camions" transportant de l'aide humanitaire rentraient dans la bande de Gaza, indique-t-elle. Parmi eux, "entre 45 et 100 contenaient du carburant". 

Natalie Boucly annonce également qu'un quatrième convoi humanitaire composé "d'une vingtaine" de camions se dirige vers Gaza. 54 camions sont déjà entrés dans l'enclave lors des trois premiers convois. "Il y avait des vivres, des médicaments, de l'eau, un peu, mais pas de carburant" parce que "ce n'est pas encore ce qui n'a pas été autorisé", regrette la secrétaire générale adjointe de l'UNRWA. Or, poursuit-t-elle, sans ce carburant, "d'ici deux ou trois jours, nous ne serons plus en mesure d'assumer nos opérations" à Gaza.  

À Gaza, l'électricité repose aujourd'hui essentiellement sur les générateurs qui fonctionnent à l’essence. Ils alimentent les couveuses par exemple pour 130 bébés et les dialyses pour 1 000 patients, d’après l’Organisation mondiale de la santé. Ces générateurs permettent aussi de faire tourner les boulangeries et de puiser de l’eau, désormais dans les puits des particuliers.

Sans essence, l'ONU estime qu’elle ne pourra pas éviter l’effondrement de la réponse humanitaire. Le président Emmanuel Macron a plaidé mardi 24 octobre pour le rétablissement de l’électricité dans les hôpitaux. Les lignes qui viennent d’Israël ont en effet été coupées au déclenchement de la guerre.

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