Guerre entre Israël et le Hamas : ce que l'on sait du début de l'évacuation de l'hôpital al-Chifa de Gaza

Plusieurs centaines de personnes, dont de nombreux blessés, ont été évacuées à pied, samedi, du plus grand hôpital de la bande de Gaza. Il est assiégé depuis plusieurs jours par l'armée israélienne, qui l'accuse d'être utilisé comme repaire du Hamas, ce que l'organisation islamiste dément.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Une rue près de l'hôpital al-Chifa, à Gaza, le 9 novembre 2023. (ALI JADALLAH / ANADOLU)

Des colonnes entières de médecins, de malades, de blessés, certains mutilés, avançant à pied. L'hôpital al-Chifa, le plus grand de la bande de Gaza, a été en grande partie évacué, samedi 18 novembre, après plus de trois jours de siège par l'armée israélienne.

Voici ce que l'on sait de cette évacuation, au 43e jour d'une guerre qui a déjà fait 1 200 morts en Israël et plus de 12 000 morts dans la bande de Gaza, selon les chiffres des deux camps qu'aucune source sur place ou image ne permet d'étayer.

Des centaines de personnes évacuées

D'après l'ONU, l'hôpital accueillait avant l'évacuation près de 2 300 patients, soignants et personnes déplacées par l'offensive israélienne. Mais plusieurs centaines de personnes sont sorties à pied de l'hôpital, selon un journaliste de l'AFP sur place.

Samedi dans la matinée, il ne restait plus dans l'établissement que cinq médecins et 120 malades qui ne pouvaient pas être déplacés à cause de leur état, d'après le chef du département de chirurgie plastique de l'hôpital sur X. Auprès de l'AFP, le ministère de la Santé du Hamas mentionne également la présence de "bébés prématurés", sans préciser leur nombre.

Des colonnes de déplacés vers le Sud

Selon l'AFP, les personnes extraites de l'hôpital se déplacent le long d'un corridor ouvert par l'armée israélienne en direction de la route Salaheddine. Cette route mène vers le sud de la bande de Gaza.

C'est dans cette zone que l'armée israélienne veut relocaliser les 1,1 million d'habitants du nord du petit territoire palestinien, où se concentrent jusqu'à présent les combats au sol contre le Hamas. Elle a donc ouvert samedi un corridor menant vers la route Salaheddine. Selon l'ONU, plus des deux tiers des 2,4 millions d'habitants de la bande de Gaza ont déjà été déplacés par la guerre.

Le flou autour de l'ordre d'évacuation

Les deux camps se renvoient la responsabilité de la demande d'évacuer l'établissement. Selon l'AFP, des soldats israéliens ont ordonné en début de matinée par haut-parleur d'évacuer l'hôpital "sous une heure".

Le directeur de l'hôpital, Mohammed Abou Salmiya, affirme également à l'AFP que l'armée israélienne l'a appelé pour lui réclamer "l'évacuation des patients, des blessés, des déplacés et des soignants et que tous se rendent à pied vers la corniche" côtière qui borde l'hôpital, dans l'ouest de la ville de Gaza, sous une heure. Il avait déjà refusé dans la semaine un précédent ordre d'évacuation reçu par téléphone, invoquant notamment la complexité de l'opération.

De son côté, l'armée israélienne a démenti en être à l'origine, assurant dans un message sur Telegram qu'elle ne faisait que "répondre à une requête" du directeur de l'hôpital. Tsahal affirme que le processus ne concerne que "les Gazaouis supplémentaires qui veulent évacuer", et qu'"à aucun moment les forces de défense israéliennes n'ont ordonné l'évacuation de patients ou de personnel médical".

Un hôpital visé par une "opération ciblée" de l'armée israélienne

Tsahal mène depuis mercredi le siège militaire de cet hôpital, car elle accuse le Hamas de s'en servir de repaire et d'utiliser les malades comme "boucliers humains". Le mouvement islamiste palestinien Hamas dément catégoriquement ces allégations et accuse Israël de s'en servir comme prétexte.

Depuis des jours, des soldats israéliens entrent dans les services d'al-Chifa pour interroger les personnes présentes à l'intérieur et fouillent "bâtiment par bâtiment" le complexe médical. Ces derniers jours, des soldats israéliens ont détruit à l'explosif plusieurs services, notamment le rez-de-chaussée du département de chirurgie.

L'électricité a cessé d'y fonctionner. Ses chefs de service rapportent que plusieurs dizaines de patients sont décédés "parce que les équipements médicaux vitaux ont cessé de fonctionner en raison de la coupure du courant".

L'armée israélienne affirme avoir trouvé dans le bâtiment "des munitions, des armes et des équipements militaires". "Nous avons la preuve que l'hôpital servait à des fins militaires et terroristes, contrairement aux lois internationales", a déclaré à la presse le porte-parole de l'armée Daniel Hagari.

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