Guerre entre Israël et le Hamas : "une opération terrestre de ce type" est incompatible avec la "récupération des otages", estime l'ancien officier Guillaume Ancel
"Ce n'est pas possible de lancer une opération terrestre de ce type et de vouloir en même temps récupérer les otages", selon Guillaume Ancel, ancien officier et spécialiste des questions de défense, invité jeudi 2 novembre du 8h30 franceinfo. Alors qu'au moins 240 otages sont toujours aux mains du Hamas, selon les autorités israéliennes, l'expert militaire juge qu'"il fallait choisir et le gouvernement Netanyahou a fait un choix qu'il n'assume pas, c'est-à-dire qu'il dit qu'il fait les deux, mais ce n'est pas compatible".
Depuis le 27 octobre, Israël multiplie les opérations au sol et intensifie les frappes aériennes sur la bande de Gaza, avec pour objectif d'anéantir le mouvement islamiste palestinien et de "ramener les otages à la maison", selon le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou. Toutefois, "dans une stratégie de confrontation directe comme le fait Israël, les otages seront les victimes désignées", a déclaré Guillaume Ancel. "C'est une chronique d'une mort annoncée à laquelle on assiste malheureusement", a ajouté l'ancien officier. Le Hamas a estimé le 26 octobre que "près de 50" otages ont été tués à Gaza, victimes des raids israéliens. Mercredi, ce sont sept otages, dont "trois détenteurs de passeports étrangers" qui ont été tués la veille dans le bombardement israélien du camp de réfugiés de Jabaliya, situé au nord de l'enclave, selon le mouvement islamiste. Les autorités israéliennes n'ont pas confirmé ces chiffres.
Si l’armée israélienne s’est contentée d’indiquer que ses opérations sur le sol de Gaza avaient pour objectif "entre autres" la libération des otages, l'État hébreu a annoncé la libération lors d’une opération, dans la nuit de dimanche à lundi, d’une soldate retenue par le Hamas. "Soit elle avait un traceur, soit un commando est vraisemblablement venu la chercher pendant une opération", a relevé Guillaume Ancel, pour qui, cette libération est "l'exception qui confirme la règle". Selon lui, "ce n'est possible qu'avec quelqu'un qui est relativement entraîné, qui est préparé à ce genre d'opération, avec une femme enceinte ou avec des gamins, vous ne pouvez pas le faire".
Négocier avec un mouvement classé terroriste ?
En retenant des otages, le Hamas poursuit "un objectif stratégique qui n'est pas du tout militaire", a estimé le spécialiste des questions militaires auteur du blog "Ne pas subir". "Quand on négocie les otages, en fait, on est obligé de faire du Hamas un interlocuteur crédible", a-t-il assuré, ajoutant que sa crainte est que le mouvement classé organisation terroriste par les États-Unis, l'Union européenne et Israël, "devienne l'interlocuteur incontournable de la crise avec le peuple palestinien". Selon lui, "la stratégie politique consisterait plutôt à écarter totalement, à discréditer le Hamas pour qu'il ne représente plus le peuple palestinien".
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