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Guerre Israël-Hamas : ce que l'on sait de l'opération massive menée par Tsahal dans la bande de Gaza

Des bombardements intensifs et des combats au sol ont eu lieu sur le territoire palestinien, où les communications ont été coupées.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des civils constatent les dégâts dans le camp d'Al-Shatee, à Gaza, le 28 octobre 2023, après des frappes israéliennes. (MOHAMMED ABED / AFP)

C'est peut-être un tournant dans la guerre. Tsahal, l'armée israélienne, a intensifié ses bombardements et étendu son offensive terrestre dans la bande de Gaza, dans la nuit du vendredi 27 au samedi 28 octobre. Plusieurs ONG ont constaté une coupure des communications avec l'enclave palestinienne.

Franceinfo fait le point sur ce que l'on sait de cette nuit de frappes, considérée comme sans précédent par les journalistes sur place.

Des "centaines d'immeubles" détruits et des combats au sol

L'offensive a commencé vers 18 heures, vendredi soir. L'armée israélienne a annoncé "étendre ses opérations terrestres ce soir" dans la bande de Gaza après avoir intensifié ses frappes "d'une manière très significative".

Les frappes les plus violentes se sont concentrées sur des zones aux alentours de deux hôpitaux : al-Shifa, le plus important du territoire, et l'hôpital dit "indonésien", dans le secteur de Jabaliya plus au nord, selon plusieurs témoignages recueillis par l'AFP. Tsahal a accusé vendredi le Hamas d'utiliser les hôpitaux pour cacher ses infrastructures. L'armée a notamment présenté une vidéo où elle signale des centres opérationnels souterrains de l'organisation terroriste au milieu des bâtiments de l'hôpital al-Shifa.

Les militaires israéliens ont annoncé samedi matin sur Telegram avoir frappé dans la nuit "150 cibles souterraines (...) notamment des tunnels terroristes, des espaces de combat souterrains et des infrastructures souterraines supplémentaires". Les forces terrestres ont reçu le soutien de la marine et des forces aériennes pour frapper des cibles du Hamas, dont "des postes d'observation, des lanceurs de missiles antichar et un complexe militaire".

"Des centaines d'immeubles et de maisons ont été entièrement détruits et des milliers d'autres logements ont été endommagés", a affirmé à l'AFP Mahmoud Bassal, le porte-parole de la défense civile à Gaza, territoire palestinien sous contrôle du Hamas. De leur côté, les brigades Ezzedine al-Qassam, la branche armée du Hamas, ont évoqué vendredi soir des combats au sol après une "incursion terrestre israélienne à Beit Hanoun" dans le nord de Gaza, et "à l'est de Bureij", camp de réfugiés palestiniens situé au centre de l'enclave.

Le média palestinien Gaza Now, lié au Hamas, a assuré sur Telegram que les véhicules militaires israéliens s'étaient retirés après une embuscade palestinienne à Bureij. Ezzat al-Risheq, membre du bureau politique du Hamas, a déclaré vendredi soir sur Telegram que la branche armée du mouvement était "pleinement préparée à affronter l’agression avec toute la force possible".

Par ailleurs, le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, a affirmé samedi que 7 703 personnes ont été tuées dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre avec Israël. Il faisait état vendredi de 7 326 morts. Des chiffres qui n'ont pas pu être confirmés de manière indépendante.

Les communications coupées

Plongée dans l'obscurité, la bande de Gaza se retrouve aussi quasiment coupée du monde. L'organisation de surveillance NetBlocks a rapporté vendredi soir sur Telegram un effondrement de la connectivité dans la bande de Gaza, avec un impact important sur Paltel (Palestine Telecommunications Company), dernier opérateur internet majeur de la région. Celui-ci a d'ailleurs annoncé une "interruption complète" de ses services internet, cellulaires et fixes, liée aux bombardements. Jawwal, autre opérateur majeur, a aussi évoqué une cessation de ses services sur Facebook pour les mêmes raisons.

Plusieurs ONG ont fait part de leur préoccupation face à la situation. "Les hôpitaux et les opérations humanitaires ne peuvent pas continuer sans communications, sans énergie, sans nourriture, sans eau et sans médicaments', a déclaré sur X Lynn Hastings, coordinatrice humanitaire des Nations Unies en Palestine. Elle s'inquiète aussi de la protection des civils gazaouis, dans un territoire qui fait déjà face à des difficultés liées à une pénurie de carburant

De son côté, le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a déploré sur X que le black-out empêche les ambulances de porter secours aux blessés. Plusieurs autres organisations comme Médecins sans frontières, le Croissant-Rouge palestinien et Amnesty International disent ne plus arriver à joindre leurs contacts à Gaza.

Elon Musk a, lui, assuré sur X que son fournisseur d'accès à internet Starlink "soutiendrait la connectivité pour les organisations d'aide internationalement reconnues à Gaza". La déclaration a suscité l'intérêt de l'OMS. "Cela pourrait vraiment nous aider", a déclaré sur le même réseau social Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Tsahal annonce la mort de deux hauts responsables du Hamas

Tsahal a annoncé samedi sur Telegram la mort d'Asem Abu Rakaba, chef du réseau aérien du Hamas et un des planificateurs de l'assaut du 7 octobre. Selon l'armée israélienne, il était "responsable des drones, des parapentes, de la détection et la défense aériennes du Hamas". Il a également "dirigé les terroristes qui ont infiltré Israël en parapente" et les "attaques de drones contre les postes de Tsahal" lors de l'assaut.

Quelques heures plus tard, toujours sur Telegram, Tsahal a déclaré avoir tué Ratib Abu Tzahiban, commandant des forces navales du Hamas pour la bande de Gaza. Il a "planifié et commandé la tentative d'infiltration navale menée le 24 octobre", qui a finalement été déjouée. Le Hamas n'a pas confirmé la mort de ces deux hauts responsables.

Les familles des otages israéliens "exigent des explications"

L'intensification de l'offensive de Tsahal inquiète les familles des otages, qui sont en majorité israéliens. "Les familles attendent des explications. Chaque minute semble être une éternité. Nous exigeons que le ministre de la Défense [israélien], Yoav Gallant, et les membres du cabinet de guerre nous rencontrent ce [samedi] matin", au terme d'"une nuit d'angoisse immense", a déclaré dans un communiqué l'association le Forum, qui regroupe les familles de plus 220 otages enlevés par le Hamas le 7 octobre.

Le Forum exprime sa "colère énorme qu'aucun des membres du cabinet de guerre n'ait pris la peine de rencontrer les familles des otages pour leur expliquer une chose : est-ce que l'opération au sol met en danger les 229 otages ?"

La libération de quatre otages, deux octogénaires israéliennes et deux Américaines, après une médiation égypto-qatarienne, a donné de l'espoir aux Occidentaux. Cependant, toute offensive militaire fait courir des risques aux otages encore retenus dans la bande de Gaza, avec la peur qu'ils soient utilisés comme boucliers humains. Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé vendredi sur X à un "cessez-le-feu humanitaire" et à une "libération inconditionnelle de tous les otages".

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