Guerre Israël-Hamas : ce que l'on sait de la situation à Khan Younès, ville de la bande de Gaza encerclée et pilonnée
C'est devenu l'épicentre de la guerre contre le Hamas dans la bande de Gaza. La ville de Khan Younès, située dans la partie sud du territoire palestinien, a de nouveau essuyé d'importants bombardements, mercredi 24 janvier, tout en voyant les combats au sol s'intensifier. Selon l'armée israélienne, la ville a été encerclée dans la nuit de mardi à mercredi, dans le but de débusquer des terroristes du Hamas, possiblement terrés dans cette zone urbaine qui accueille plus de 400 000 réfugiés gazaouis d'après l'ONU.
Sur son compte X, l'armée israélienne affirme y avoir découvert des caches d'armes et des réseaux de tunnels, qu'elle attribue au Hamas. Mercredi après-midi, ses soldats encerclaient toujours trois hôpitaux du secteur avec des "dizaines de chars" selon l'organisation terroriste palestinienne. Alors que les frappes se poursuivent sur Khan Younès, franceinfo fait le point sur la situation de cette ville surpeuplée et assiégée.
Les bombardements meurtriers s'intensifient
Après plusieurs jours de frappes aériennes ordonnées par l'armée israélienne sur Khan Younès, des tirs d'hélicoptères militaires sur la ville ont été signalés mercredi aux aurores. Dans un communiqué, l'ONU a déploré le même jour une "intensification" des frappes sur cette zone urbaine. De son côté, le personnel de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) décrit sur son site une situation "catastrophique et indescriptible" dans les hôpitaux de la principale ville du sud de Gaza, peut-on lire sur le site de l'agence.
Dans son dernier point de situation, publié sur X mercredi matin, l'armée israélienne assure avoir "éliminé de nombreuses cellules terroristes" en employant "snipers, chars et force aérienne", et dit avoir mis hors d'état de nuire "une cellule prévoyant de mener des tirs antichar contre nos forces".
Selon des photographes de presse et des vidéos postées sur les réseaux sociaux, les services de santé de la ville sont surchargés et se remplissent un peu plus après chaque bombardement. Le Hamas et la chaîne qatarienne Al Jazeera affirment que plusieurs dizaines de personnes ont été tuées par ces frappes sur la seule journée de mardi, sans que ce bilan puisse être vérifié de façon indépendante. Parmi les établissements de santé affectés par la guerre, l'hôpital Nasser est la cible de tirs depuis mardi, ce qui complique considérablement le travail du personnel médical sur place.
Les combats dans les rues de plus en plus violents
Des tireurs de précision sont postés à de nombreux endroits de Khan Younès, selon Tsahal, qui a enregistré lundi sa plus lourde perte quotidienne après la mort de 21 soldats. Ces réservistes ont tous été tués dans l'effondrement d'un bâtiment qu'ils étaient en train de piéger, possiblement à cause d'un tir ennemi de lance-roquettes, selon le porte-parole l'armée cité par le quotidien israélien Haaretz.
Mercredi, des chars ont ouvert le feu sur un centre de formation de l'ONU devenu un refuge pour déplacés, faisant "neuf morts et 75 blessés", a déclaré sur X Thomas White, directeur à Gaza de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA). James McGoldrick, coordonnateur spécial des Nations unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, a déploré "encore un incident dans lequel un bâtiment utilisé à des fins humanitaires est endommagé ou frappé".
Le même bâtiment a "été touché pendant les opérations militaires" qui ont fait six morts, lundi, ajoute Philippe Lazzarini, commissaire général de l'UNRWA. Les forces israéliennes ont assuré qu'elles n'avaient pas eu connaissance de tels dégâts.
La crainte d'un nouvel exode de masse
La violence des combats et les conditions de vie extrêmement difficiles à Khan Younès ont déjà poussé de nombreux Palestiniens à fuir la ville, où se trouvent pour l'instant "88 000 habitants et environ 425 000 personnes déplacées", selon l'ONU. Après avoir quitté leurs foyers dans le nord et le centre de Gaza, pilonnés durant les mois d'octobre et novembre par l'armée israélienne, les réfugiés gazaouis pourraient désormais vouloir aller encore plus au sud de l'enclave.
Le Hamas y voit un plan délibéré du gouvernement israélien, accusé de vouloir déplacer de force "des dizaines de milliers de personnes" de Khan Younès à Rafah, à la frontière avec l'Egypte. Malgré les corridors humanitaires, cette fuite de civils se déroule souvent dans la panique, et sous la menace des bombes. Une fois arrivés à Rafah, sans possibilité d'aller plus loin, les Gazaouis restent exposés à une grande précarité. Pauvre en eau et en denrées alimentaires, comme le rapporte RFI, la ville ne compte par exemple qu'une seule maternité pour environ deux millions d'habitants.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.