Cet article date de plus d'un an.

Guerre Israël-Hamas : déplacer la population de Gaza vers le sud est "un ordre de mort" s'insurge un diplomate palestinien

L'observateur permanent adjoint de l'État de Palestine auprès des Nations-Unies estime que "40% de ceux qui ont été tués dans les bombardements l'ont été au Sud." Il évoque également un territoire "au bord du gouffre."
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Les dégâts du bombardement du 19 octobre sur une annexe de l'église orthodoxe Saint-Porphyre, à Gaza (DAWOOD NEMER / AFP)

Déplacer la population de Gaza vers le sud est "un ordre de mort" s'insurge sur franceinfo Majed Bamya, diplomate palestinien, observateur permanent adjoint de l'État de Palestine auprès des Nations-Unies.

Alors que l'armée israélienne a lancé une offensive terrestre et aérienne sans précédent samedi 28 octobre, Majed Bamya a décrit la bande de Gaza "au bord du gouffre". Quant à l'ordre d'évacuer vers le Sud, donné par l'armée israélienne, "c'est un ordre immoral, illégal. 40% de ceux qui ont été tués [dans les bombardements] l'ont été au Sud. C'est un ordre de mort", estime le diplomate, qui rappelle qu'il est contraire au droit international. "Les populations ont droit à la protection là où elles sont", rappelle-t-il.

En évoquant la demande des États-Unis à Israël de distinguer civils et Hamas lors des frappes, il affirme : "Ils ne font pas la distinction ! La plupart des morts, ce sont des civils. 70% ce sont des femmes et des enfants. Ce sont des attaques indiscriminées qui visent à faire le plus de souffrance possible, à mettre le maximum de répression et terroriser la population dans son entièreté."

franceinfo : Quel est l'état de la bande de Gaza ?

Majed Bamya : La bande de Gaza est au bord du gouffre, deux millions et demi de Palestiniens sont assiégés, bombardés, asphyxiés. On est face à une crise humanitaire sans précédent. Quand on parle de 8 000 Palestiniens tués à Gaza, c'est l'équivalent de 214 000 Français qui auraient été tués. Quand on parle de 20 000 blessés, c'est un demi-million de Français.

"On aura des milliers de morts en plus des bombardements si la situation humanitaire n'est pas redressée. Il faut arrêter ce carnage"

Majed Bamya

à franceinfo

La moitié de la population est déplacée, plus de la moitié des habitations sont détruites. Les gens n'ont nulle part où aller. Le carburant rentre par goutte d'eau, et il est essentiel. Les hôpitaux cesseraient de fonctionner sans électricité, on a 130 bébés dans des couveuses qui mourraient instantanément. 

Que penser de l'ordre donné par l'armée israélienne aux populations civiles de Gaza d'évacuer vers le Sud ?

C'est inacceptable, dans le droit, de faire déplacer les populations ! 40% des ceux qui ont été tués ont été tués dans le Sud, y compris des gens qui avaient évacué. Cet ordre est immoral, illégal. Dans les hôpitaux, nous avons des gens pour qui c'est une peine de mort de les déplacer. Les infrastructures ont aussi été aussi bombardées dans le Sud. Donc c'est un ordre de mort.

L'ONU a demandé qu'il soit révoqué, ce n'est pas une solution, les populations ont droit à la protection là où elles sont. Les résolutions s'appuient sur le droit international. [Les bombardements et le manque d'aide humanitaire], ce sont des crimes de guerre, ce sont des crimes contre l'humanité. Quand l'ONU en arrive à dire "Gaza, c'est l'enfer sur Terre", ça veut dire ce que ça veut dire.

Les États-Unis ont demandé à Israël de faire la distinction entre les civils et le Hamas, vous y croyez ?

Ils ne font pas la distinction ! La plupart des morts, la quasi absolue majorité ce sont des civils. 70% ce sont des femmes et des enfants. Maintenant, il faut dire "ça suffit"

"Ce sont des attaques indiscriminées qui visent à faire le plus de souffrance possible, à mettre le maximum de répression et terroriser la population dans son entièreté."

Majed Bamya

à franceinfo

Pendant que la communauté internationale se met d'accord [sur une trêve humanitaire], des milliers de Palestiniens meurent. Même les alliés les plus proches d'Israël ont du mal à justifier les atrocités qu'ils sont en train de commettre. Ce n'est pas une réponse au 7 octobre d'aller tuer des populations civiles, ça ne va pas permettre de sauver des vies, ça ne va protéger personne.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.