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"Il faut régler la question palestinienne" : Juifs et Arabes israéliens de plus en plus divisés

Crise de guerre, crise humanitaire… Et bientôt crise politique en Israël ? Depuis les attaques massives du Hamas début octobre, le fossé entre Arabes et Juifs israéliens ne fait que s'accentuer.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Vue de la ville israélienne d'Haïfa, le 27 mars 2023. (JACK GUEZ / AFP)

À Haïfa, dans le nord d'Israël, une vieille dame prépare des feuilles de vigne sur une table en bois, à l'extérieur d'un restaurant arabe. Derrière ses fourneaux, la gérante Adil s'inquiète : "On a commencé à sentir que rien que le fait de parler arabe entre nous, ça attirait des regards accusateurs". La guerre en cours depuis le 7 octobre entre le Hamas et Israël semble fracturer la société israélienne. La popularité du Premier ministre Benyamin Nétanyahou s’effondre. Il est critiqué notamment pour sa gestion de la question des otages. En Cisjordanie, les attaques de colons juifs se multiplient et les divisions s’accentuent entre Arabes et Juifs israéliens.

Adil raconte ce jour où elle et son mari ont pris en stop un soldat. "Il s'est assis à côté de moi, raconte-t-elle. Et il a tout de suite appelé quelqu'un pour qu'il y ait un suivi parce qu'il avait peur". Adil a fini par le rassurer : "Ce que je voulais, c'était influencer sa façon de voir et éviter le cliché sur les Arabes".

À l'extérieur, dans les ruelles de ce quartier à forte mixité sociale et religieuse, deux Juives israéliennes, Bila et Ada, s'animent et ne semblent pas d'accord. "Je viens de dire à ma copine : alors Israël va conquérir Gaza et ça va donner quoi ? Ça va faire encore un territoire occupé ?", interroge l'une de ces femmes. Ce à quoi l'autre répond : "Oui, d'accord mais ce que le Hamas vient de nous faire là, j'aimerais bien voir si une chose pareille se produisait en Europe ou aux États-Unis".

Faut-il étendre ou pas le territoire israélien ? Le débat revient en force dans le pays, avec en fond, la crainte pour certains d'un embrasement du conflit. La dynamique de ces dix dernières années inquiète Assaf Ron, le directeur d'un centre culturel de Haïfa qui rassemble chrétiens, juifs et musulmans.

"Le plus simple pour les pouvoirs, c'est de présenter le conflit comme un conflit religieux, mais ce n'est pas religieux"

Assaf Ron, le directeur d'un centre culturel de Haïfa

à franceinfo

"C'est un conflit de territoire, de droits de l'homme, d'identité nationale. À partir du moment où on donne à tout ça une connotation religieuse, on a aucune chance de s'en sortir", estime-t-il. Dans sa boutique de café, un commerçant se désespère : "Il faut régler la question palestinienne". Il prône une solution à deux États, qui est loin de faire l'unanimité en Israël.

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