"J'essaye d'être la voix francophone d'Israël" : ces "influenceurs" au cœur de la stratégie de communication de l'Etat hébreu
Des "influenceurs" franco-israéliens sont-ils au service de la stratégie de communication de l’Etat hébreu ? Ils sont une dizaine à avoir été reçus il y a quelques jours par le ministre des Affaires étrangères israélien, car selon les autorités, la guerre contre le Hamas se gagne aussi en ligne.
Parmi eux : Julien Bahloul. L'ancien journaliste a ses cibles privilégiées : elles appartiennent pour la plupart à La France insoumise. "Mathilde Panot a repris un mensonge du Hamas sur une frappe israélienne dans un hôpital qui aurait fait 500 morts, alors qu'on sait que c'était faux, tient-il à préciser. Rima Hassan n'a pas été capable de condamner le Hamas une seule fois. Danièle Obono a qualifié le Hamas de résistant... C'est insupportable. Et moi, je suis fier d'être devant eux et de leur répondre à chaque fois !", plaide-t-il.
Avant de préciser : "Il faut que quelqu'un le fasse. Je pense que ça a même plus de force si c'est quelqu'un comme moi, simple civil, qui le fait que si c'est un homme politique ou l'armée. Je ne pense pas que ce soit à l'armée de répondre à Mathilde Panot, par exemple."
"Les gens doivent comprendre"
Sauf que Julien Bahloul n’est pas un "simple civil". Avec ses 90 000 abonnés sur le réseau X, cet ancien porte-parole de l’armée israélienne assume des positions clairement patriotiques : "J'essaye d'être la voix francophone d'Israël que j'aurais aimé entendre dans le passé. J'aurais voulu que les Français se sentent complètement concernés. Il y a 42 Français qui ont été tués (lors des attaques du Hamas le 7 octobre 2023). Il y a encore trois Français qui sont otages. Les gens doivent comprendre que le Hamas est une organisation terroriste, islamiste, sanguinaire. Oui, il y a un gros travail là-dessus."
Un discours qui va dans le sens de la communication en ligne des autorités. Un mois, après le massacre du 7 octobre, des influenceurs français comme Ingrid Cohen alias "la reine des bons tuyaux blancs bleus", 40 000 followers sur Instagram, ont été invités dans les kibboutz attaqués par le Hamas en bordure de la bande de Gaza : "Regardez les balles, regardez les tirs dans le mur", détaillait-elle à ses abonnés.
"Ça fait partie de notre stratégie sur les réseaux sociaux"
Lior Hayat, porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, l'assure : rien n'est préparé. "On ne les paie pas, on ne contrôle pas leur message, on ne leur donne pas un texte à écrire. Ils voient de leurs propres yeux les atrocités", assure-t-il.
Avant de reconnaître que cela est en ligne avec la communication des autorités. "À travers leur regard, leurs followers vont comprendre notre récit et l’histoire racontée par Israël. Ça fait partie de notre stratégie sur les réseaux sociaux. Le journalisme a beaucoup changé pendant la dernière décennie."
"C’est une manière de toucher des centaines de personnes, parfois des milliers, des centaines de milliers et parfois des millions, grâce à un leader d’opinion."
Lior Hayat, porte-parole du ministère israélien des affaires étrangèresà franceinfo
Selon le ministère des Affaires étrangères, près d’un millier d’influenceurs de toutes les nationalités, ont été approchés et participent, à leur façon, à la propagande israélienne.
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