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Reportage Jérusalem : dans la vieille ville, les habitants redoutent une nouvelle escalade de violences

Au moins 150 personnes ont été blessées ce vendredi dans des affrontements entre la police israélienne et des émeutiers palestiniens sur l'esplanade de la mosquée Al Aqsa, après plusieurs semaines de tensions en Israël et en Cisjordanie occupée.

Article rédigé par franceinfo - Frédéric Métézeau
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Dans la Vieille Ville de Jérusalem, vendredi 15 avril 2022. (FREDERIC METEZEAU / RADIO FRANCE)

Le chemin de croix du Vendredi saint pour les Chrétiens s'achève dans la Vieille ville quand retentit l'appel à la prière pour les Musulmans. Ce vendredi 15 avril, Jérusalem retient tout souffle. Près de 3 000 policiers sont mobilisés ainsi qu'un hélicoptère de surveillance après des affrontements entre les forces de l'ordre israéliennes et des émeutiers palestiniens sur l'esplanade de la Mosquée Al Aqsa. Au moins 150 personnes ont été blessées au petit matin, selon les services de secours, à l'occasion de la première prière de la journée.

Une nouvelle prière sans encombre

Ces violences sur le troisième lieu saint de l'Islam, qui coïncident cette année avec le début des célébrations chrétienne de Pâques et juive de Pessah, s'ajoutent à des semaines de tensions en Israël et en Cisjordanie occupée. Rami, vendeur d'amandes porte de Damas a été choqué par les incidents de la nuit : "Je suis arrivé vers quatre heures du matin pour prier à Al Aqsa puis je suis parti au travail. Quand je suis arrivé au quartier, pas loin, j'ai entendu les violences. Al Aqsa est un endroit pour prier, le mieux c'est qu'il n'y ait pas de violences là. Les gens viennent de pleins d'endroits, de loin, ils ne peuvent pas être privés de prière."

"Les violences doivent se tenir loin d'Al Aqsa. Nous ne voulons pas de nouvelles violences à Gaza, Jénine ou Tulkarem et ici non plus il ne doit pas y en avoir."

Rami, commerçant de Jérusalem

à franceinfo

Ils sont 60 000 fidèles sur l'esplanade dont la moitié venue de Cisjordanie occupée. Leur prière puis leur sortie se déroule sans encombre.

Dans les ruelles étroites de la vieille ville, la police israélienne est partout, vendredi 15 avril 2022. (FREDERIC METEZEAU / RADIO FRANCE)

Dans les ruelles étroites de la vieille ville, la police israélienne est partout. À la sortie de la vieille ville, elle se tient à distance de la foule palestinienne, au soulagement d'Amir qui a peur que les clients du soir ne viennent pas dîner dans son café à proximité : "Ce qui s'est passé aujourd'hui est très triste. Les violences, c'est moche et ça ne devrait pas arriver, c'est trop dommage ! On veut que ça se passe paisiblement et calmement."

"On n'a pas intérêt à ces bagarres car ça va affecter notre travail et dissuader les clients. Tu vois bien, il n'y a pas de promeneurs par ici."

Amir, patron d'un café

à franceinfo

La Police affirme qu'elle a tout fait pour ne pas entrer dans la Mosquée Al Aqsa et qu'elle est intervenue après que des dizaines d'émeutiers palestiniens ont jeté des pierres contre les Juifs qui priaient au mur des Lamentations et tiré des fusées d'artifice après la prière matinale. Le drapeau vert du Hamas a été brandi, les images ont inondé les réseaux sociaux.

La Cisjordanie bouclée jusqu'à dimanche

Malik, 21 ans, espère que la situation ne va pas dégénérer comme il y a un an même s'il est excédé : "Les gens se posent tous la même question. La situation est plus compliquée chaque jour, la vie est plus difficile, les Israéliens reçoivent des menaces de Gaza ou de Jénine, ça n'est pas évident et si ça continue comme ça, la situation sera encore pire et la guerre plus proche. Les soldats et la police israéliens n'arrêtent pas de nous harceler, surtout nous les jeunes.Tout récemment, j'ai été arrêté et gardé pendant un jour. C'était ici près de la porte de Damas, ils nous embêtent mes amis et moi."

Le Premier ministre israélien a convoqué une réunion urgente pour faire le point alors que ses alliés islamistes au Parlement sont très mécontents de la situation. La Cisjordanie est bouclée jusqu'à dimanche minuit pour que les Juifs puissent fêter le premier jour de la Pâque. Mais un calme bien fragile règne à Jérusalem.

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