Proche-Orient : "Si la pseudo communauté internationale fonctionnait, on n'en serait pas là", estime l'ancien ministre Hubert Védrine
"Rien ne peut empêcher la bataille de Gaza", a estimé ce dimanche sur France Inter Hubert Védrine, ancien ministre des Affaires étrangères. Plus d'une semaine après l'attaque du Hamas en Israël, l'armée israélienne se prépare à lancer une grande offensive sur Gaza alors que les habitants du territoire fuient vers le sud.
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"Si les pressions extérieures fonctionnaient, on n'en serait pas là. Si la pseudo communauté internationale fonctionnait, on n'en serait pas là. Il faut être réaliste et savoir que rien ne peut empêcher la bataille de Gaza", regrette Hubert Védrine.
Selon lui, il est encore trop tôt pour parler de dialogue entre les deux parties : "Même les plus pacifistes des Israéliens, même les plus clairvoyants, savent bien que l'armée israélienne n'a pas d'autre choix que d'aller détruire la branche armée du Hamas", assure-t-il.
Les accords d'Oslo "systématiquement piétinés"
L'ancien ministre des Affaires étrangères de la France reste très amer. Les accords d'Oslo," c'était il y a 30 ans, un processus de paix qui a été saboté systématiquement par des extrémistes des deux côtés, a-t-il regretté. C'est révoltant parce que tout ce processus, tous ces efforts, toutes ces années, c'était pour empêcher ça, pour empêcher ces abominations. Je suis révolté !", lance-t-il.
L'ancien ministre estime qu'après "cette séquence épouvantable" du moment, germera "l'idée qu'il faut quand même trouver des solutions". Mais il ne se fait pas d'illusions : "Elles seront combattues avec la même efficacité calculée, diabolique et cynique, dit-il. Rappelez-vous de l'assassinat d'Itzhak Rabin par un Juif fanatique. Rappelez-vous les bombes dans des bus scolaires en Israël à chaque fois qu'il y avait un processus qui redémarrait."
Ne rien attendre des Etats-Unis
Selon Hubert Védrine, il ne faut rien attendre des États-Unis qui "n'ont jamais rien compris" à la situation au Proche-Orient. "Ils ont fait exactement le contraire de ce qu'ils auraient dû faire. Ils auraient dû prendre la tête, il y a 30 ou 40 ans, du processus de paix au lieu de s'aligner sur la branche la plus dure, la plus extrémiste, la plus nationaliste des Israéliens", analyse-t-il.
Alors qui peut relancer un processus de paix, du moins un début de dialogue ? "Ca viendra d'Israéliens qui diront : 'On a fait ce qu'il fallait à Gaza. C'était terrible, il fallait le faire, mais on ne peut pas en rester là'. Je m'attends à ce que de grandes voix politiques et morales ou philosophiques en Israël disent qu'il faut quand même trouver une solution'."
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