Reportage Guerre au Proche-Orient : "Ils ont ciblé toutes les maisons", racontent des habitants, au milieu des décombres du camp de Jénine

L'armée israélienne s'est retirée de Jénine, en Cisjordanie, après une vaste opération, marquée par des destructions d'infrastructures, qui a fait 36 morts palestiniens selon l'Autorité palestinienne, depuis le 28 août.
Article rédigé par Thibault Lefèvre
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des immeubles en grande partie détruits à Jénine. (TIBAULT LEFEVRE / RADIO FRANCE)

Les canalisations ont été éventrées, le macadam arraché par les bulldozers israéliens, et les eaux usées croupissent désormais dans des flaques terreuses. Trois jours après la fin de la plus vaste opération de l’armée israélienne en Cisjordanie occupée depuis plus de 20 ans, la vie reprend au milieu des décombres dans le camp de réfugié de Jénine où les combats ont été les plus violents.

Le bilan est de 36 Palestiniens tués sur tout le territoire selon le ministère de la Santé de l’Autorité palestinienne. C’est la grande ville du nord qui paie le plus lourd tribut avec selon la même source, 21 morts depuis le 28 août. De son côté l’armée israélienne assure avoir tué 14 terroristes et arrêtés 30 autres personnes.

Il fait chaud dans Jénine, l'odeur est pestilentielle, les murs sont criblés d’impact de balles, et beaucoup de maisons, comme celle d’Aziz, sont détruites. "Ils ont tiré sans arrêt sur la maison, raconte Aziz. Ils étaient en train de ratisser le quartier. On s’est enfui à côté et puis ils ont lancé une grenade sans sommation."

"Notre peuple peut être exterminé et tout le monde s’en moque"

Aziz n’a jamais quitté le camp. Il était déjà là, il y a plus de 20 ans, lors de la bataille de Jénine, peut-être la plus violente, jusque-là de l’histoire du conflit israélo-palestinien, en Cisjordanie occupée : "Cette fois, c’était plus brutal qu’en 2002. Ils ont ciblé toutes les maisons alors qu’à l’époque, il s’était attaqué uniquement au quartier d’Al Hawachine. À ce moment-là, ils ne s’en prenaient pas aux civils. Il n’y avait personne chez nous. Ni combattant ni résistant… Personne !"

À deux rues de là, Mohammed échange avec un vendeur de légumes. Sur un des murs de l‘échoppe, la photo d’un adolescent est accrochée. Il a été tué en mars après une frappe de drone. "Pourquoi certains de nos jeunes prennent les armes ? C’est parce qu’ils subissent l’occupation, explique Mohammed. Lorsqu’un enfant ou n’importe quel Israélien est tué, le monde entier s’indigne. Mais nous, notre peuple, peut être exterminé et tout le monde s’en moque. Que fait la justice internationale ?"

À l’entrée du camp de Jénine, le portrait géant d’Ismaël Haniyeh, assassiné cet été en Iran, recouvre une partie de la façade de la mosquée. Il était l’un des deux principaux leaders du Hamas.

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