Reportage "Plus personne ne fait la différence entre les civils et les combattants" : le désespoir de villageois libanais après des frappes israéliennes

Au nord d’Israël, un autre front oppose l’armée israélienne et le Hezbollah libanais depuis le 8 octobre. Israël vise des zones civiles, d’où les combattants du Hezbollah tirent des roquettes.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Temps de lecture : 2min
Une maison détruite dans le village de Aïtaroun (Liban) près de la frontière avec Israël, après un bombardement de l'armée israélienne, le 14 décembre 2023. (- / AFP)

De cette rue du village libanais d’Aïtaroun, au sud de Liban, il ne reste que des ruines. À quelques centaines de mètres du mur de séparation avec Israël, les habitations ont été pulvérisées par les bombardements aériens. Au milieu des décombres de son épicerie, Rawad tente de sauver quelques affaires enfouies sous les gravats : "Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? Regardez toutes ces destructions. Les Israéliens sont sans pitié. Ce sont des lâches. Viser des civils et des enfants, c’est tout ce qu’ils savent faire. Il n’y a rien d’autre à dire. J’ai perdu ma maison, mon magasin, c’était toute ma vie".

Après quelques minutes sur place, une voiture s’arrête à côté de nous. Deux hommes du Hezbollah surgissent et nous demandent de quitter les lieux au plus vite. La milice vient en fait tout juste de tirer une roquette depuis la zone. Ils s’attendent à des répliques. Un quart d’heure plus tard, la riposte israélienne commence.

De plus en plus de miliciens du Hezbollah dans les zones habitées

Nous trouvons refuge dans un village voisin, épargné par les frappes. Karim, un fermier de 29 ans, nous accueille au milieu de ses poules et de ses moutons. "Parfois, il y a des bombes qui tombent là-bas sur la montagne, mais je viens quand même les nourrir", explique-t-il.

Il s’inquiète de la présence croissante de miliciens du Hezbollah dans les zones habitées. "Des bataillons du Hezbollah entrent dans les maisons abandonnées par les gens qui ont fuient, dit-il. Ils s’y installent et placent des rampes de lancement de roquettes dans les jardins. Puis ils retournent se cacher à l’intérieur et tirent avec une télécommande. C’est pour ça que les Israéliens bombardent ces maisons. Cette guerre, ces destructions, ça nous fait peur parce que plus personne ne fait la différence entre les civils et les combattants. Les hôpitaux, les églises, les mosquées, les écoles ; tout peut être pris pour cible".

Le Hezbollah a déjà annoncé officiellement qu’ils indemniseraient les habitants dont les maisons ont été détruites.

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