: Témoignage "Notre maison a été complètement rasée" : un Franco-Palestinien raconte l'enfer vécu pendant un mois à Gaza
À cause du blocus et du voyage compliqué, cela faisait dix ans que Youssef* n'avait pas rendu visite à sa famille restée à Gaza. Ce Franco-Palestinien de 74 ans, qui est né et a grandi à Gaza, avait décidé d'y aller en septembre.
Le 7 octobre, le jour de l'attaque terroriste du Hamas en Israël, Youssef était dans la maison familiale dans le quartier d'Al-Rimal de la ville de Gaza. Il reste trois jours enfermé et très vite, les bombardements s'intensifient. "Notre maison et celles des voisins ont été complètement rasées, raconte le septuagénaire. C'était le premier quartier qui était ciblé par l'armée israélienne."
Bloqué au poste-frontière de Rafah
Alors dès le 10 octobre, ce Franco-palestinien de 74 ans se réfugie chez des cousins dans un quartier voisin. Trois jours après, il se déplace à nouveau, quitte la ville de Gaza, qu'il fallait évacuer. Il se rend au poste-frontière de Rafah, où il espère traverser, en vain. Il est bloqué et se retrouve seul. Il appelle une connaissance, leur demande s'il peut les rejoindre : "Je ne connais pas ce monsieur, ni sa famille, mais il m'a dit : 'Oui, venez, il n’y a pas de problème.' Et on dormait dans un salon, sur des matelas par terre."
"Nous étions 30 personnes dans une maison faite pour quatre."
Youssef, Franco-palestinien de 74 ansà franceinfo
Youssef y reste trois semaines. Il raconte les longues files d'attente pour trouver du pain, l'eau qu'il faut aller chercher avec un jerrican et les ressources qui commençaient à manquer. "Si la guerre continue comme ça, il y aura des morts par centaines, surtout les enfants et les gens fragiles. Ce ne sera pas par les bombardements, mais par le manque à manger, à boire et des médicaments", indique le Franco-palestinien.
"Je n'arrive pas à dormir la nuit"
Quand son nom est enfin sur une liste, il arrive à rejoindre l'Egypte, et fait 24 heures de voyage jusqu'au Caire. De retour chez lui, sur son visage, il y a trois points de suture. "Ce n'est pas lié à Gaza, c'est arrivé en sortant, minimise-t-il. C'était la fatigue, le choc psychologique de partir comme ça. Moi, je me dis, j'ai de la chance, je suis Français, mais quand même, je pense aux autres. Les cousins, les familles, les voisins, les gens qui sont encore vivants... Mais jusqu'à quand ? J'ai tout ça dans ma tête, et jusqu'à maintenant, je n'arrive pas à dormir la nuit."
Yousef ne réalise pas qu'il est en France. Il voit encore - dans sa tête - les bombardements, les morts, les blessés, les regards des enfants et toutes ces maisons pulvérisées. "Le vrai soulagement, dit-il, ce sera quand la guerre sera terminée."
*Le prénom a été changé.
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