: Témoignage "Personne ne sait où sont les endroits sûrs" : à Gaza, un déplacé palestinien raconte son calvaire
À Gaza, le gouvernement du Hamas a annoncé mardi 5 décembre que les opérations militaires israéliennes ont fait plus de 16 000 morts depuis le 7 octobre. L’armée israélienne intensifie son offensive sur le sud de l’enclave palestinienne, sous blocus, avec des frappes aériennes et une incursion terrestre. Khan Younès et sa population sont en train d’être prises en étau. Rafah, dernière ville palestinienne avant l'Égypte, surnommée le "cul-de-sac de Gaza", étouffe et n’a pas les capacités d’accueillir autant de déplacés.
Khaled, habitant de Gaza-ville, est l'un de ces déplacés. Quand il fait nuit, il voit les lumières rouges avant les bombardements puis entend le bruit sourd des explosions sur Khan Younès. "Le son est horrible, confie-t-il. Moi je suis à 7 ou 8 kilomètres de Khan Younès et le bruit est aussi fort, alors comment ça se passe là-bas ? Comment réagissent les gens, comment vivent-ils ça ? Je n’ose pas imaginer leur état ..."
"Il n'y a aucune explication"
Les routes sont pulvérisées et les déplacements pénibles. Mais chaque jour, des centaines de personnes déplacées s’entassent dans cette ville, tout au sud de la bande de Gaza, à la demande de l’armée israélienne et dans la confusion totale. L’armée a distribué des prospectus et découpé la carte de la bande de Gaza en 2 400 petites zones à évacuer mais cette carte est incompréhensible, dénoncent les civils.
Khaled explique : "Je suis à côté de Rafah et à l'ouest de Salah al-Din donc petit à petit, j'ai pu identifier ma position sur la carte et j'ai fini par identifier que je suis en zone 14. Mais je n'ai pas réussi à comprendre si je suis dans une zone de couleur verte ou de couleur grise, ou même ce que c'est que sont ces zones vertes et grises. Il n'y a aucune explication."
"Il n'y a plus de place nulle part"
Mais la ville de Rafah est elle aussi bombardée. Alors Khaled, comme tous ces civils, se pose sans cesse cette même question : "Où sont les endroits sûrs ? Personne ne sait." "Rafah est censée être une zone sécurisée mais ils bombardent quand même. Ils demandent aussi d'aller dans les zones où se trouvent les organisations humanitaires mais je n'en vois aucune ici !", se désole-t-il.
"J'ai décidé de ne plus bouger de là où je suis, de toute façon il n'y a plus de place nulle part. Maintenant c'est soit aller au paradis, soit aller au Sinaï en Égypte. Nous en sommes là : préférer la mort ou l’exil plutôt que vivre ce cauchemar éveillé." Selon le ministère de la Santé du Hamas, la majorité des victimes palestiniennes sont des civils.
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