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La foule syrienne brave l'interdiction de manifester

Des dizaines de milliers de Syriens ont manifesté après la prière du vendredi. Il y aurait seize morts près de Deraa, berceau de la contestation au régime de Bachar el-Assad. Le Conseil des droits de l'Homme, réuni à Genève en session extraordinaire, envisage des sanctions.
Article rédigé par franceinfo
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Vendredi, jour de colère. Vendredi, jour de répression. La police syrienne a de nouveau ouvert le feu cet après-midi sur des milliers de manifestants qui se dirigeaient vers Deraa au sud du pays. Des témoins parlent de 16 morts selon un nouveau bilan. Des dizaines de milliers de personnes ont bravé l'interdiction de manifester dans plusieurs villes du pays, à Damas, Doms et Banias notamment.

Les militaires annoncent eux la mort de quatre soldats dans l'attaque d'un poste militaire à Deraa. Selon un porte-parole de l'armée, deux soldats auraient également été enlevés "par un groupe terroriste armé". Autre version : selon un opposant au régime syrien, ces quatre soldats "ont été tués en défendant les habitants."

Les manifestations se poursuivent contre la politique de Bachar el-Assad, un mois et demi après les premiers soulèvements. Les autorités avaient mis en garde les opposants qui appelaient à manifester partout dans le pays en solidarité avec Deraa. Les chars ont pénétré au début de la semaine dans la ville, berceau de la révolte.

Pour la première fois, les Frères musulmans se sont joints à cet appel. Le mouvement religieux, principal groupe d'opposition, est interdit en Syrie. Ils accusent le pouvoir de perpétrer un "génocide". Selon l'observatoire syrien des droits de l'homme, l'offensive de l'armée à Deraa aurait fait 50 morts cette semaine.

La communauté internationale hésite sur des sanctions

La communauté internationale hésite toujours à condamner officiellement la répression du régime syrien. Le Conseil de sécurité n'a pas adopté mercredi le projet porté par la France, l'Allemagne, la Grande-Bretagne et le Portugal. La Russie, la Chine et le Liban s'y opposent, considérant qu'il s'agit d'affaires intérieures à la Syrie.

Le Conseil des droits de l'Homme a lui aussi cherché aujourd'hui à s'entendre sur un texte. Ce projet de résolution condamne les violences contre les manifestants et demande la libération de tous les prisonniers et l'envoi d'une mission d'enquête sur les violations des droits de l'Homme. Les 47 membres du Conseil sont réunis en session extraordinaire à Genève à la demande des États-Unis qui appuient cette résolution.

Les ambassadeurs des 27 sont réunis cet après-midi à Bruxelles pour adresser "le bon message" à Damas selon les mots de Pierre Vimont, chef des diplomates européens. L'Union européenne devrait adopter des sanctions ciblées contre les responsables des répressions. Des mesures qui ne seraient pas applicables dans l'immédiat, la liste des personnalités visées n'ayant pas encore été établie. L'Union européenne pourraient aussi suspendre les 210 millions d'euros d'aides et de prêts qu'elle accorde chaque année à la Syrie, exception faite des aides à la population.

Mathilde Dehimi avec agences

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