Le président syrien Bachar al-Assad a promulgué jeudi trois décrets dont un stipulant la levée de l'état d'urgence
Le 2e décret abolit la Cour de sûreté de l'Etat et le 3e réglemente le droit de manifester dans le pays.
Vendredi s'annonce comme une journée-test de la détermination de l'opposition qui manifeste depuis le 15 mars contre le régime. Mardi, les autorités ont prévenu qu'elles n'accepteraient aucune nouvelle manifestation.
"Le président Assad a promulgué le décret 161 stipulant la fin de l'état d'urgence décrété" lors de l'arrivée au pouvoir du parti Baas en mars 1963, a annoncé la télévision syrienne. La loi d'urgence réduisait les libertés publiques, imposait des restrictions à la liberté de réunion et de déplacement, et permettait l'arrestation de "suspects ou de personnes menaçant la sécurité".
M.Assad a également promulgué un décret "stipulant l'abolition de la Cour de sûreté de l'Etat", selon la télévision. La Cour de sûreté de l'Etat est une cour d'exception créée en vertu d'une loi de 1968 pour remplacer la Cour militaire d'exception avec les mêmes prérogatives. Ses jugements sont sans appel. "Tous les procès (intentés actuellement) dans le cadre de ce tribunal seront examinés par les tribunaux" compétents, indique le décret.
Un troisième décret a été promulgué "pour la réglementation des manifestations pacifiques, qui sont un droit essentiel garanti par la constitution", a indiqué la télévision. "Il faut concilier la sécurité du citoyen et l'usage du droit à manifester, et il faut permettre aux autorités de protéger les biens publics et privés", indique le décret.
Le président Assad, qui avait approuvé ces trois projets de loi dès mardi, avait indiqué que cette série de réformes visait à "élargir les libertés". Il avait en outre assuré qu'une nouvelle loi sur la presse était "presque prête".
Selon Amnesty International, au moins 200 personnes ont été tuées, la plupart par les forces de sécurité ou par des policiers en civil, depuis le début de la contestation. Les autorités accusent elles des bandes "criminelles" ou "armées" d'être derrière les tirs contre les manifestants et les forces de l'ordre.
Assad fait des concessions mais reste ferme
L'agitation contre le régime syrien a persisté en début de semaine, en dépit du discours prononcé par le président Assad promettant la levée de l'état d'urgence mardi. Il a souligné que, dans le contexte des révoltes qui soufflent sur le monde arabe, la stabilité de la Syrie restait sa priorité et a précisé que, si des réformes étaient nécessaires, c'était pour "renforcer le front intérieur" face à la vague actuelle de contestation de son pouvoir.
Le raïs n'a fait aucune allusion aux exigences des dizaines de milliers de manifestants qui réclament depuis plusieurs jours la fin de la mainmise des puissants services de sécurité sur la vie quotidienne des Syriens, la libération des milliers de prisonniers politiques et la fin du monopole du Baas sur la vie publique.
Assad a reconnu que la corruption était un problème en Syrie, mais il a ajouté: "Nous ne voulons pas nous précipiter. Toute réforme doit être fondée sur le maintien de la stabilité interne."
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