Cet article date de plus de douze ans.

Les derniers soldats américains ont quitté le sol irakien

Les troupes américaines ont définitivement quitté l'Irak, dimanche, laissant derrière elles un pays en pleine crise politique.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des soldats américains quittent leur base de "Camp Adder", près de Nasiriyah, le 17 décembre 2011. (MARIO TAMA / AFP PHOTO)

C'est une image hautement symbolique. L'armée américaine a définitivement quitté l'Irak, dimanche 18 décembre à l'aube, près de neuf ans après l'avoir envahi et renversé le dictateur Saddam Hussein. Le dernier convoi, composé de 110 véhicules transportant environ 500 soldats, a traversé la frontière séparant l'Irak et le Koweït à 07h30 du matin, comme le montrent ces images diffusées dimanche sur France 3 :

Il y a huit ans et neuf mois, les forces américaines l'avaient franchie dans l'autre sens lors de l'opération "Iraqi Freedom" qui allait se révéler être la guerre la plus controversée depuis celle du Vietnam, un demi-siècle plus tôt.

L'armée américaine, qui a compté près de 170.000 hommes au plus fort de la lutte contre l'insurrection, a abandonné 505 bases. Désormais, il ne restera plus que 157 soldats américains, chargés d'entraîner les forces irakiennes, ainsi qu'un contingent de Marines pour protéger l'ambassade.

Un risque d'éclatement du pays

Les Américains laissent derrière eux un pays plongé dans une crise politique, avec la décision du bloc laïc Iraqiya de l'ancien Premier ministre Iyad Allaoui, de suspendre, depuis samedi, sa participation aux travaux du Parlement. Second groupe parlementaire avec 82 députés contre 159 à l'Alliance nationale, coalition des partis religieux chiites, il il dénonce "l'exercice solitaire du pouvoir" du Premier ministre Nouri al-Maliki.

S'estimant lésés par le gouvernement à majorité chiite, les sunnites, jadis partisans d'un Etat centralisé, sont aujourd'hui portés par un mouvement centrifuge à vouloir gérer leurs régions de manière autonome, comme les Kurdes, ce qui comporte un risque d'éclatement du pays.

Depuis la chute de Saddam Hussein, "notre vie s'est dégradée"

Si l'Irak exporte environ 2,2 millions de barils de pétrole par jour, lui rapportant 7 milliards de dollars par mois, les services de base comme la distribution d'électricité et l'eau potable sont toujours défectueux. Signe de cet autre échec, les Irakiens se montrent aujourd'hui satisfaits du départ des troupes américaines. "Je suis fier comme chaque Irakien doit l'être", déclare Safa, un jeune boulanger de Bagdad. Car si "les Américains ont renversé Saddam Hussein, notre vie depuis s'est dégradée".

Des soldats célèbrent leur départ de Camp Adder, le 17 décembre 2011. (MARIO TAMA / AFP PHOTO)
Désormais, les 900 000 éléments des forces irakiennes auront la lourde tâche d'assumer seuls la sécurité alors que les insurgés, notamment Al-Qaïda, bien qu'affaiblis, peuvent encore faire couler le sang. Ils devront aussi empêcher la résurgence des milices et une réédition d'une guerre confessionnelle entre chiites et sunnites qui avait fait des dizaines de milliers de morts en 2006 et 2007.

Ainsi s'achève une invasion lancée sans l'aval de l'ONU pour trouver des armes de destruction massives que Saddam Hussein aurait cachées et qui, en réalité, n'existaient pas. Une invasion controversée qui aura coûté aux Etats-Unis près de 770 milliards de dollars en neuf ans, ainsi que la vie de 4 474 soldats.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.