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Les insurgés libyens se rapprochaient de Syrte lundi, ville où pourrait se cacher le colonel Mouammar Kadhafi

S'ils espèrent prendre la ville d'ici dix jours, en cas de non capitulation des partisans du colonel Kadhafi, les rebelles ne sont pas certains de retrouver l'ex dirigeant du pays.Ville natale du "guide" et important centre de son pouvoir, la prise de Syrte serait un pas important pour les rebelles, stratégiquement et symboliquement.
Article rédigé par Valérie Oddos
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 4min
Les rebelles libyens poursuivent leur progression vers Syrte, dernier grand  bastion de Mouammar Kadhafi. (AFP - Carl de Souza)

S'ils espèrent prendre la ville d'ici dix jours, en cas de non capitulation des partisans du colonel Kadhafi, les rebelles ne sont pas certains de retrouver l'ex dirigeant du pays.

Ville natale du "guide" et important centre de son pouvoir, la prise de Syrte serait un pas important pour les rebelles, stratégiquement et symboliquement.
Soutien de l'Otan
L'avancée des rebelles vers Syrte est toujours soutenue par les frappes aériennes de l'Otan. "Nous faisons très attention à ce qui se passe à Syrte car nous savons qu'il subsiste là-bas des restes du régime", a dit un porte-parole à Bruxelles.

"Nous négocions avec les tribus pour que Syrte se rende pacifiquement", a indiqué Mohammed al-Fortiya, le commandant des combattants de Misrata, une unité d'élite de la rébellion. Il a précisé que les discussions n'impliquaient que les leaders tribaux et qu'à sa connaissance aucun contact n'était établi avec Mouammar Kadhafi ou ses proches.

Retour au calme à Tripoli
Des explosions et quelques coups de feu pouvaient encore être entendus dans la nuit de dimanche à lundi. Les rebelles, qui sont entrés dans la capitale il y a une semaine, en sont désormais les maîtres mais ils craignent encore des actions de partisans de Kadhafi isolés.

Ils assurent que l'aéroport et ses environs ont été sécurisés. Et la dernière base militaire encore aux mains des forces loyalistes est tombée samedi. Une cinquantaine de squelettes carbonisés, probablement victimes d'un massacre mardi, ont été découverts lors de la prise de ce camp.

Dans le quartier d'Abou Salim, réputé pro-Kadhafi et théâtre de violents combats jusqu'à jeudi soir, la vie a repris. Les commerces rouvrent petit à petit tandis que les habitants nettoient les décombres. Samedi soir, des enfants jouaient sur le front de mer, jusqu'alors désert.

Des unités de combattants se préparaient dimanche à partir vers le désert du sud, afin de couper la route de l'Algérie, empruntée par des partisans du colonel Kadhafi en fuite.

Sur le front oriental, les rebelles étaient dimanche soir à sept kilomètres au-delà de Bin Djaouad et contrôlaient le carrefour de Naoufalia.

Soupçons de massacre
Depuis la chute de Kadhafi voici un peu plus d'une semaine, il apparaît que de nombreuses tueries ont été commises peu avant l'entrée des insurgés dans la capitale.

La brigade placée sous le commandement de Khamis Kadhafi, l'un des fils du colonel, semble responsable de l'exécution sommaire de 45 détenus dans un entrepôt la semaine dernière près de Tripoli, a déclaré lundi l'ONG Human Rights Watch (HRW).

HRW indique que ses représentants se sont rendus samedi dans l'entrepôt et qu'ils ont constaté la présence de 45 corps carbonisés, dans le quartier de Khalida Ferdjane à Salahaddine, au sud de la capitale, tout près de la base militaire de Yarmouk.

Dans un communiqué, l'ONG indique que des membres de la brigade Khamis semblent être responsables de cette tuerie, qui remonte au 23 août.

"Malheureusement, ce n'est pas le premier rapport lugubre concernant ce qui apparaît comme l'exécution sommaire de détenus dans les derniers jours où le régime Kadhafi contrôlait Tripoli", déclare Sarah Leah Whitson, directrice de HRW pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord.

Le CNT déterminé à poursuivre Kadhafi
La guerre continuera jusqu'à ce que Kadhafi soit tué ou capturé, assurent les responsables du Conseil national de transition (CNT), en insistant sur le fait que le Guide, ainsi que son fils Saïf al Islam et le chef des services de renseignement, devront être jugés en Libye, bien qu'ils soient recherchés par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes contre l'humanité.

"Nous n'avons pas négocié lorsque nous étions faibles et nous ne négocierons pas maintenant que nous avons libéré toute la Libye", a dit Mahmoud Chammam, ministre de l'Information du CNT, lors d'une conférence de presse.

Le CNT tente de rétablir les services de base et de faire redémarrer l'économie, fondée sur le pétrole. Des responsables ont annoncé dimanche qu'un gazoduc important vers la Sicile avait été réparé et que les exportations pourraient reprendre d'ici la fin du mois de septembre. A l'Ouest, la Tunisie a rouvert un poste-frontière crucial pour le ravitaillement du pays.

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