Le Liban commémore l'explosion au port de Beyrouth sur fond de craintes de la guerre, quatre ans après le drame

"L'absence totale de responsabilité dans une telle catastrophe provoquée par l'homme est stupéfiante", a déploré dans un communiqué dimanche la coordinatrice spéciale des Nations unies pour le Liban.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des manifestants brandissent des drapeaux et des portraits de leurs proches disparus dans l'explosion du port de Beyrouth (Liban), le 4 août 2024. (IBRAHIM AMRO / AFP)

Des centaines de Libanais ont commémoré, dimanche 4 août, le quatrième anniversaire de l'explosion meurtrière du port de Beyrouth qui a endeuillé la capitale, au moment où le pays craint une guerre totale entre Israël et le Hezbollah. Brandissant les portraits des victimes, les manifestants se sont rassemblés face au port, dénonçant l'obstruction de l'enquête en raison des pressions politiques et demandant des comptes aux responsables. 

Le 4 août 2020, l'une des plus grandes explosions non nucléaires de l'histoire dévastait des quartiers entiers de la capitale, tuant plus de 220 personnes et en blessant plus de 6 500. Les proches des victimes, qui ont formé un collectif qui se bat inlassablement pour réclamer justice, ont marché en tête du cortège dimanche. La déflagration avait été provoquée par un incendie dans un entrepôt où étaient stockées sans précaution des tonnes de nitrate d'ammonium, malgré des avertissements répétés aux plus hauts responsables.

Une avocate des famille des victimes appelle les juges à "accomplir leur devoir"

"L'absence totale de responsabilité dans une telle catastrophe provoquée par l'homme est stupéfiante", a déploré dans un communiqué la coordinatrice spéciale des Nations unies pour le Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert. Pour sa part, le président français, Emmanuel Macron, qui s'était rendu à Beyrouth dans la foulée de l'explosion, a rappelé dimanche son "exigence de justice pour toutes les victimes". Dans un discours, Cécile Roukoz, l'une des avocates des familles des victimes, a énuméré les noms des responsables politiques et sécuritaires qui ont entravé l'enquête, appelant les juges à "accomplir leur devoir", alors que les principaux responsables libanais n'ont pas commenté l'anniversaire du drame.

Un premier juge chargé de l'enquête en 2020 avait dû jeter l'éponge après avoir inculpé un ex-Premier ministre et trois anciens ministres. Son successeur, Tarek Bitar, s'était à son tour attaqué à des responsables politiques. Mais le Parlement avait refusé de lever l'immunité des députés inculpés, le ministère de l'Intérieur s'était opposé à l'interrogatoire de hauts gradés, et les forces de sécurité avaient refusé d'exécuter des mandats d'arrêt. Contraint de suspendre son enquête pendant treize mois, il a été poursuivi pour insubordination par le procureur général quand il l'a reprise après avoir inculpé plusieurs personnalités haut placées.

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