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"Les gens n'attendent plus rien de l'État" : au Liban, la France apporte son aide en privilégiant les ONG locales

Au Liban, trois semaines après la double explosion dans le port de Beyrouth qui a ravagé une partie de la capitale, l'aide française est distribuée par des ONG en qui les Libanais ont confiance, et non par les institutions du pays. 

Article rédigé par Aurélien Colly
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des militaires français déblaient des hangars détruits sur le port de Beyrouth au Liban samedi 22 août 2020.  (Armée française)

À Beyrouth, trois semaines après la catastrophe du port, le nettoyage, les réparations et le déblaiement avancent. L’aide envoyée par la France avec huit avions, un cargo, un porte-hélicoptère et ses 750 soldats, se concrétise aussi. Des efforts particuliers sont mis en oeuvre pour que l’aide aille directement aux Libanais, par le biais d'ONG, en contournant l’État. C’est ce que certains avaient demandé à Emmanuel Macron lors de sa visite à Beyrouth, au lendemain des explosions. Certaines opérations sont toutefois menées conjointement par les forces armées françaises et libanaises.

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À l'école des Trois Docteurs par exemple, la plus ancienne de Beyrouth, une vingtaine de militaires français et libanais s'activent, perchés sur le toit. Ils interviennent sur une immense verrière qui menace de s’effondrer dans la cour de ce cloître. Neyla Khoury Dahoun, la directrice décrit les dégâts : "L'école a été pratiquement soufflée. C'est un bâtiment du XIXe siècle en voûtes. Nous avons des dommages dans la structure et toute la cour est devenue dangereuse." L’armée française sécurise huit écoles dévastées par l’explosion, après avoir déblayé la gare routière.

Dans l'école des trois docteurs, la plus vieille de Beyrouth, une verrière en ruine est sécurisée par l'armée française et l'armée libanaise.  (Aurélien Colly / RADIOFRANCE)

L'immense chantier du port 

À l'épicentre de la catastrophe, sur le port, les forces françaises établissent le bilan précis de la situation à terre et sous la mer, explique le colonel en charge des opérations : "Nous avons la capacité d'effectuer une cartographie des fonds marins et une capacité à intervenir sur certains obstacles, certaines épaves qui pourraient s'y trouver. La quasi totalité des bassins a été répertoriée, scannée. Donc aujourd'hui nous avons une vision à peu près exacte à transmettre aux forces armées libanaises."

L’armée libanaise escorte et surveille aussi l’aide humanitaire déchargée par les militaires français. Plus de 1000 tonnes, qui transitent depuis une semaine du port à l’hippodrome de Beyrouth, où la sécurité civile française assure la logistique : "Nous avons du matériel de transmission, énumère un agent, nous avons aussi des denrées alimentaires là-bas, de la farine et du riz. Entre les deux nous avons du matériel médical."

L'aide humanitaire française est entreposée à l'hippodrome de Beyrouth. (Aurélien Colly / RADIOFRANCE)

La distribution, elle, est assurée par quelques ONG, sélectionnées par l’ambassade de France pour leur fiabilité : "Maintenant les gens n'attendent plus rien de l'État parce qu'il n'y a plus de confiance, affirme un responsable associatif, ils sont hyper contents d'avoir l'aide au travers des ONG locales qui ont prouvé leur transparence."

C’est le personnel du Quai d’Orsay qui assure sur place la traçabilité, détaille un fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères : "On contrôle la quantité et le colisage des palettes d'une tonne ou de 500 kg. On sait exactement quel jour nous les avons reçues à l'hippodrome - notre lieu de stockage - et quel jour ça repart chez les différentes ONG."    

"Les gens n'attendent plus rien de l'État" : au Liban, la France apporte son aide en contournant les autorités libanaises / Le reportage d'Aurélien Colly

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