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PSA "n'a pas obtenu de garanties de l’État français" pour rester en Iran

Thierry Coville, spécialiste de l’Iran et chercheur à l’Iris, a expliqué, mardi sur franceinfo, "que s’il y a trop de conséquences économiques pour l’Iran, il risque de se retirer de l’accord" sur le nucléaire, ce qui n'est pas dans les intérêts des autorités françaises.

Article rédigé par franceinfo
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Le showroom Peugeot Iran Khodro Industrial Group dans la capitale iranienne Téhéran, le 5 octobre 2016. (ATTA KENARE / AFP)

PSA a commencé à suspendre ses activités en Iran, le groupe l'a annoncé lundi 4 juin. C’est une des premières conséquences du retrait des États-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien. Selon le spécialiste de l’Iran et chercheur à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), Thierry Coville, pour que Téhéran reste dans l'accord nucléaire, Paris avait pourtant intérêt à ce que Peugeot reste en Iran.

franceinfo : Est-ce que PSA avait vraiment le choix ?

Thierry Coville : Les autorités françaises ont tout intérêt à ce que Peugeot reste en Iran. On sait bien que s’il y a trop de conséquences économiques pour l’Iran, il risque de se retirer de l’accord. Manifestement, PSA n’a pas obtenu des garanties de l’État français. PSA est le plus gros constructeur automobile en Iran, celui qui a la plus grosse part de marché. Avec près de 450 000 véhicules par an, ils ont le tiers du marché iranien. L’industrie automobile en Iran, c’est le plus gros pourvoyeur d’emplois après l’industrie pétrolière. Il y a un million de personnes qui travaillent dans l’industrie automobile si on compte les sous-traitants en Iran. Donc vous imaginez déjà les conséquences sur l’emploi en Iran.

Dans quel état va se retrouver l’économie iranienne si tous les groupes occidentaux s’en vont ?

Il faut voir si les Iraniens vont réussir à compenser. Par exemple, quand Peugeot est parti brutalement en 2012, les Iraniens n’avaient pas eu le temps de se retourner. C’est donc la deuxième fois et pour les mêmes raisons. À l’époque, cela avait été une catastrophe. Ils étaient partis sans prévenir, du jour au lendemain. La production automobile en Iran avait chuté et cela a eu des conséquences dramatiques pour l’emploi. Là, cela va être compliqué pour l’Iran. Il va y avoir des conséquences sur l’emploi, il va y avoir des conséquences sur la qualité des produits. S’ils compensent le manque de produits européens par des produits chinois, on aura un problème de qualité. Très clairement, il y aura un coût pour l’économie iranienne.

Ce sont des entreprises chinoises qui pourraient profiter de ce départ ?

Il faut savoir que la Chine a la plus grosse part de marché en Iran. Ils ont commencé à se développer quand il y a eu des sanctions américaines en 2010/2012, quand les groupes européens sont sortis du marché iranien. Les groupes chinois en Iran sont moins internationalisés que les grands groupes français, c’est-à-dire qu’ils n’ont pas d’activités aux États-Unis. Ils dépendent de banques publiques chinoises qui n’ont également pas d’intérêts aux États-Unis donc ils sont beaucoup plus insensibles aux sanctions américaines.

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