Plus de 46 000 comptes Twitter étaient liés à l'Etat islamique à la fin décembre
L'étude américaine à l'origine de cette estimation préconise, vendredi, de manier la censure avec précaution.
Au moins 46 000 comptes Twitter étaient liés au groupe de l'Etat islamique (EI) entre septembre et décembre 2014, selon une estimation d'une étude américaine publiée par la Brooking Institution et dévoilée vendredi 6 mars. Financée par Google Ideas, l'étude met en garde contre la tentation d'une censure trop généralisée de ces comptes.
"Nous estimons que de septembre à décembre 2014, au moins 46 000 comptes Twitter étaient utilisés par des partisans de l'EI, même si tous n'étaient pas actifs en même temps", indique le rapport. D'après une analyse des données géographiques des tweets (localisation revendiquée, fuseau horaire), la majorité des abonnés habitent dans des régions tenues par l'EI en Syrie et en Irak, mais aussi en Arabie saoudite.
Les trois-quarts des comptes favorables à l'EI sont en arabe, et un cinquième en anglais, le français comptant pour 6%. Les comptes soutenant l'EI ont en moyenne 1 000 abonnés, soit "bien plus qu'un compte habituel". Et nombre des succès de l'EI sur le réseau social "peuvent être attribués à un relativement petit groupe d'utilisateurs hyper-actifs", selon le rapport.
La censure peut favoriser la radicalisation
Sur le dernier trimestre 2014, au moins 1 000 comptes ont été désactivés par Twitter, mais le chiffre réel est, peut-être, en réalité largement supérieur, indique le rapport. Mais les auteurs du rapport invitent Twitter à ne pas avoir la main trop lourde, malgré la pression de certains gouvernements ou responsables politiques occidentaux.
Certes, il serait possible de cibler beaucoup plus les suspensions de comptes et ainsi avoir un effet "dévastateur" pour la visibilité de l'EI, estiment-ils. Mais ils ne recommandent pas une telle approche car elle conduirait notamment à "isoler" les partisans de l'EI sur Twitter, en les contraignant à adopter un fonctionnement en vase clos favorisant la radicalisation.
Les auteurs du rapport invitent les réseaux sociaux et l'administration américaine à travailler ensemble pour définir des règles de désactivations des comptes. Pour l'instant, les réseaux sociaux appliquent ces suspensions "sans aucun contrôle et sans rendre de compte" à quiconque, regrettent-ils. Twitter enquête actuellement avec les autorités américaines sur des menaces qu'aurait lancées l'EI contre le réseau social, après les clôtures de comptes liés à la mouvance jihadiste ou à d'autres mouvements extrémistes comme Boko Haram.
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