Regain de tension en Egypte
La place Tharir, au Caire, retrouve ses accents du début de l'année. Pour la cinquième nuit, des manifestants campent sur cette vaste esplanade proche du Nil. Ils sont cernés par les forces de l'ordre, qui procèdent à des fouilles et des contrôles d'identité sur tous ceux qui veulent y accéder.
Les manifestants veulent la démission de plusieurs personnalités du gouvernement, au premier rang desquelles le maréchal Hussein Tantaoui. Successeur d'Hosni Moubarak à la tête du pays, il est tenu pour responsable de la lenteur des réformes et de la présence de personnalités liées à l'ancien régime à la tête de l'Etat. Un cortège d'environ un millier de personnes s'est formé, scandant “le peuple veut la chute du maréchal !”.
Ils demandent aussi la démission du ministre de l'Intérieur, Mansour
Issaoui. Ils lui reprochent de s'opposer à la demande du Premier ministre de limoger des centaines de policiers accusés d'avoir tiré sur la foule en janvier. Une affaire symptomatique des tensions qui règnent au sein même du gouvernement.
_ Le Premier ministre, Essam Charaf, très populaire lors de sa nomination, apparaît comme pris entre le marteau des manifestants qui lui réclament d'aller plus vite, et l'enclume de l'armée, qui dit le soutenir, mais réaffirme le rôle dirigeant des militaires. Selon la presse égyptienne, il aurait mis sa démission dans la balance si il ne parvient à tenir le calendrier, qui comprend un remaniement ministériel destiné à “purger” des personnalités trop liées à l'ère Moubarak.
Le Conseil suprême des forces armées s'est fendu dans l'après-midi d'un communiqué très ferme, lu à la télévision par un militaire en uniforme. Le doigt tendu, il a averti les manifestants des risques de déstabilisation du pays. Un ton de père fouettard que les manifestants n'ont pas apprécié du tout.
Grégoire Lecalot, avec agences
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