Passe d’armes entre Total et le Yémen
«Total et ses associés volent le gaz yéménite en évaluant son prix à 10% seulement du prix mondial et en ne reversant que 21% de cette somme à l'Etat yéménite», a dénoncé sur sa page Facebook la prix Nobel de la paix 2011. La Yéménite Tawakkol Karman et les Jeunes de la révolution, à l’origine du soulèvement populaire de début 2011 ayant conduit au départ du président Saleh, avaient appelé à la manifestation.
Rassemblés devant la maison du président Abd Rabbo Mansour Hadi, les manifestants l'ont appelé à «annuler les accords sur l'exportation de Gaz Naturel Liquéfié», négociés en 2005 entre l’ancien dictateur Ali Abdallah Saleh et les firmes étrangères, dont Total. Ils ont dénoncé «les commissions et les pots-de-vin» qui ont entaché les contrats. Ils estiment, comme le montre Courrier International, que le Yémen est spolié par ces accords, car à cette époque, les prix étaient inférieurs à ce qu'ils sont aujourd'hui et que ce sont les mêmes réseaux d’intérêt qui contrôlent toujours le pays.
Dans un discours, Mme Karman a même demandé «à la justice française d'accuser Total de corruption».
Selon ces accords, Yemen LNG, consortium de liquéfaction de gaz naturel, doit exporter durant 20 ans cette énergie vers les marchés asiatiques, américains et européens. Avec Kogas en Corée du sud (pour 2 millions de tonnes par an), GDF-Suez (2,5 millions de tonnes) et Total Gas and Power Ltd (2 millions de tonnes). Le groupe français Total est actionnaire à hauteur de 39,62% de Yemen LNG qui a commencé ses exportations en 2009.
Le Yémen, qui connaît un recul de quasi 13% de son PIB depuis la révolution et une inflation record, n’a guère de richesses autres (pêche, travailleurs) que le pétrole, dont la production baisse depuis 2005, précise le site Orient XXI dans un article sur ce Bras de fer entre Total et le Yémen. Il y est précisé que le ministre adjoint de l’Energie, Chaouki Al-Mekhlafi, «a souligné que "les accords signés par le régime précédent privent le Yémen d’une partie des recettes auxquelles il pourrait prétendre au titre de ses ventes de Gaz Naturel Liquéfié en le cédant à 9 dollars de moins que les prix du marché." Sanaa soutient ainsi avoir perdu jusqu’à 700 millions de dollars par an.»
Pour tenter de mettre fin à cette crise, le patron de Total, Christophe de Margerie, qui a rencontré les autorités yéménites mi-janvier 2014, leur a proposé un relèvement des prix. Pour l’heure, les négociations sont en cours.
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