Un an de crise au Yémen
Malgré un projet de réformes institutionnelles, janvier 2011 voit naître les premières manifestations à l'université de Sanaa, la capitale. Le Yémen s’embrase, malgré l’annonce du président qu’il ne briguera pas un autre mandat à la présidentielle de 2013.
La contestation grandissante pousse Ali Saleh à proposer le 10 mars une nouvelle constitution instaurant un régime parlementaire. Une annonce pour rien. Les bains de sang quotidiens dans la capitale se poursuivent. Les forces de l’ordre tirent sur les protestataires, pris également pour cible par des contre-manifestants pro-Saleh. Le 18 mars, l'état d'urgence est proclamé pour 30 jours.
Le général Ali Mohsen, personnalité charismatique, se rallie à la contestation le 21. Le 23, le président propose d'organiser l'élection présidentielle dès la fin de l'année 2011. Les annonces se succèdent mais ne calment pas la rue. Face à l’enlisement du conflit, une médiation se met en place début avril. Le Conseil de coopération du Golfe prend le relais.
Plusieurs plans de sortie de crise avant l'accord
Le 11 avril, premier échec. L'opposition rejette le plan de sortie de crise au motif qu’il garantit l'immunité judiciaire du président. Un nouveau plan de transition du pouvoir est mis sur pied. Il prévoit son départ au bout d'un mois. Si l'opposition y est favorable, Saleh le refuse.
En mai, les manifestants ne désarment pas et les négociations entre les parties piétinent. Les morts se comptent par centaines. La violence fait une nouvelle victime : le 3 juin, le président est blessé dans son palais présidentiel de Sanaa lors d’une attaque à la bombe. Saleh est hospitalisé en Arabie saoudite.
Une insurrection islamiste se déclare dans le sud du pays début juillet. Les combattants liés à Al-Qaïda tiennent plusieurs villes. Depuis Ryad, Saleh se déclare favorable au dialogue et à un partage du pouvoir.
Fin septembre, il rentre au Yémen. Se disant prêt au transfert du pouvoir après des élections, il s'engage à appliquer le plan de transition mis au point par le Conseil de coopération du Golfe.
Ce n’est que le 25 octobre, après des semaines d'affrontements, qu’un cessez-le-feu est conclu entre le gouvernement et les forces du général Mohsen.
L'instabilité profite aux islamistes
Le 23 novembre, Saleh signe l'accord organisant le transfert du pouvoir à son vice-président Abd-Rabbou Mansour Hadi pour un mandat de deux ans. Ce dernier forme un gouvernement de transition avec l'opposition et prévoit une élection présidentielle dans un délai de trois mois.
Le 21 janvier 2012, le Parlement vote une loi accordant l'immunité à Ali Saleh et entérine la candidature unique du vice-président Abd Rabbo Mansour Hadi à la présidentielle prévue un mois plus tard.
Le 25, sous la pression des tribus, des centaines de combattants d'Al-Qaïda se retirent de Rada, à 130 km au sud-est de Sanaa, après l'avoir contrôlée pendant une dizaine de jours en profitant de l'affaiblissent du pouvoir central, miné par la contestation populaire.
Début février, le gouvernement négocie avec les Partisans de la charia, proches d'Al-Qaïda, pour qu'ils se retirent de Zinjibar, capitale de la province d'Abyane. Les affrontements entre l'armée et les activistes ont fait des centaines de morts des deux côtés et déplacé 90.000 personnes dans la région.
Un seul candidat dans la course à la présidentielle
AlJazeera (en anglais), le 7 février 2012
Des appels au boycott
Les autorités yéménites de transition lancent le 7 février la campagne pour la présidentielle. Mais des appels au boycott du scrutin émanent des ténors du Mouvement sudiste, un groupe qui milite pour une sécession du Sud, Etat indépendant jusqu'en 1990. La population sudiste se plaint de discriminations de la part du pouvoir central à Sanaa et les manifestations reprennent.
Au Nord, les rebelles zaydites (chiites), qui contrôlent de vastes régions, sont également hostiles au scrutin qu’ils considèrent comme "un complot américain".
Avant de quitter le Yémen pour les Etats-Unis, où il reçoit des soins fin janvier, le président Saleh a demandé pardon à ses compatriotes pour "tout manquement" pendant ses années de pouvoir. Il laisse un pays en proie à une grande instabilité.
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