Coupe du monde 2022 : le Qatar est en passe de réussir son pari
Après deux semaines et demie de compétition, et en ce jour de pause au Mondial de football, pas de match en attendant les Quarts de finale, on peut tirer un premier bilan pour le Qatar : l’émirat est en passe de réussir son pari. Chaque jour dans le monde est foot, Jean-Marc Four donne un coup de projecteur sur les liens entre politique et ballon rond.
Les partisans du boycott ont échoué. Au fil des jours, les critiques vis-à-vis de l’émirat semblent reléguées aux oubliettes. Il y a finalement eu peu de contestation de la part des équipes en compétition : les Anglais ont posé un genou à terre, les Allemands ont fait mine de se bâillonner pour dénoncer la censure, quelques dirigeants politiques ont arboré le brassard arc-en-ciel LGBT en tribune. Et puis c’est tout.
La compétition semble avoir fait disparaître les controverses, sur le coût environnemental ou les droits des travailleurs migrants. La FIFA, meilleure alliée du Qatar, a imposé ses règles de "neutralité politique". Et puis l’organisation qatarienne suscite plutôt des louanges. Certes quelques stades n’ont pas affiché complet, certes l’ambiance était parfois mollassonne pendant certaines rencontres. Mais sinon zéro couac. La billetterie fonctionne, la sécurité semble sans failles, les transports en commun tournent comme une machine parfaitement huilée. Et comme l’émirat est tout petit (160 km par 80), tout est concentré dans un espace restreint. Ce qui favorise une ambiance Tour de Babel et mélange des supporters. Jusqu'à présent, l'organisation est donc réussie.
Au-delà de l'aspect sportif, une réussite aussi diplomatique
Le fait le plus marquant, et le plus inattendu, est qu'à cela s'ajoute un succès diplomatique pour le Qatar. L’émirat est en train de se réconcilier avec ses frères ennemis, ses voisins et rivaux : l’Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis. L’homme fort d’Arabie Saoudite, le prince Mohammed ben Salmane, a assisté tout sourire à la cérémonie d’ouverture en arborant une écharpe du Qatar. Bras dessus, bras dessous avec l’émir qatarien Al Thani. Ce dernier lui a renvoyé l’ascenseur en arborant une écharpe aux couleurs de l’Arabie Saoudite lors du match des Saoudiens contre l’Argentine.
Cette semaine, le chef politique des Émirats Arabes Unis, Mohammed Ben Zayed, s’est lui aussi rendu au Qatar pour rencontrer Al Thani. Une première depuis cinq ans et la brouille très forte entre les deux pays. Rappelons que l’Arabie Saoudite et les Émirats ont imposé pendant quatre ans un embargo économique au Qatar, en raison de ses relations avec l’Iran et avec l’organisation des Frères Musulmans. Ce mondial est donc un vrai succès diplomatique pour l’Émirat, qui de surcroit en tire une popularité accrue dans le monde arabo-musulman, sur le mode : nous aussi nous sommes parfaitement capables d’organiser une Coupe du monde.
Plusieurs milliards d'euros de contrats à la clé pour le Qatar
Évidemment avec le Qatar, il y a aussi un volet économique. Business is business. La Coupe du monde, c’est l’occasion de faire des affaires et de signer des contrats gaziers pour le pays qui possède les plus grandes réserves au monde. Deux contrats importants ont été signés fin novembre, peu après le début de la compétition : avec l’Allemagne (un contrat longue durée sur 15 ans pour 2 milliards et demi de mètres cubes par an) et avec la Chine (le double, plus de 5 milliards). La Chine est très présente économiquement à Doha. Ses grandes entreprises sont parmi les principaux sponsors de la compétition. En réalité, le seul vrai point noir pour l’émirat depuis deux semaines et demi, c’est l’échec total de son équipe de foot : trois matchs trois défaites.
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