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Que sont devenus les 33 mineurs chiliens de San José ?

69 jours sous terre. C'est le calvaire vécu par 33 mineurs chiliens en août 2010 après l'éboulement d'une galerie. Le monde entier avait suivi leur sauvetage. Beaucoup de ces mineurs souffrent toujours du calvaire enduré.
Article rédigé par Laurie Fachaux
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Des destins appréciés, mais plus souvent contrariés aujourd'hui pour ces 33 mineurs chiliens de San José, ici le 25 octobre 2010 © MaxPPP)

Le 13 octobre 2010, 33 mineurs chiliens sont enfin secourus après 69 jours passés sous terre, à 720 mètres, après l'éboulement d'une galerie. En août 2013, ils ont perdu leur procès contre l’État et les patrons de la mine San José dans le Nord du Chili, à 800 kilomètres de la capitale Santiago. Aujourd’hui, certains des mineurs, piégés puis sauvés, se sentent abandonnés, mal aimés par leurs compatriotes. Beaucoup regrettent leur vie "d'avant". Tous n’ont pas retrouvé de travail dans une mine. D’autres prennent encore des antidépresseurs. Le livre Les 33. La fureur de vivre récemment publié à partir de leurs témoignages sera bientôt suivi d'un film. 

Un peu de bonheur, beaucoup de douleurs

Mario Sepúlveda, le plus connu des 33 mineurs, a changé de vie et de décor. Il vit à la campagne avec sa famille, des chevaux et des chiens tout près de la capitale. Vêtu d'un gilet de sécurité et d'un casque de mineur qu'il assure n'enlever que la nuit, Mario Sepúlveda est à la tête d'une entreprise de construction familiale et pas seulement.

"Je suis très heureux parce que je donne des conférences pour mes collègues qui travaillent dans le secteur minier. J'ai toujours rêvé d'être un orateur ou d'avoir une expérience dans le domaine. Maintenant je l'ai ! Je travaille aussi dans la construction. Ce sont les deux domaines qui me passionnent le plus. Tant que j'ai la santé, je vais continuer à travailler !"

Mario Sepúlveda ne regrette pas les profondeurs de la mine. D’autres anciens collègues, au contraire, souhaiteraient retrouver leur vie d'avant l'accident. Mais c’est impossible parce qu’ils sont trop connus. Omar Reygadas, à Copiapó dans le Nord du Chili près du lieu de l'accident, regrette cette notoriété involontaire.

"Ce que j'ai toujours préféré, c'est travailler dans la mine. Pendant les vacances scolaires, je travaillais avec mon père, j'avais 8-10 ans, pas plus. Depuis l'accident, j'ai postulé, envoyé mon CV, mais aucune mine ne me donne un travail ! Peut-être à cause de mon âge - 60 ans- ou parce que je suis l'un des 33."

Victor Segovia est lui toujours sous traitement médical :

"Je ne suis pas la même personne qu'avant. Je prends des calmants, deux fois par jour. Je les achète directement à la pharmacie, sans ordonnance. Je ne vais plus chez le psychologue. Ça n'a aucun sens d’aller chez le médecin toute une vie !"

Les témoignages de rescapés de la mine de San José au Chili avec Laurie Fachaux

Depuis quatre mois, les 33 mineurs perçoivent une pension à vie de l’Etat chilien. Son montant représente 420 euros par mois. Quant aux droits d'auteur issus du livre relatant leurs 69 jours sous terre, ils ont rapporté jusqu'à présent à chacun des mineurs, la modique somme de 400 euros. 

69 jours sous terre

Le livre Les 33. La fureur de vivre est paru en France, aux éditions Belfond, le 9 janvier. Il raconte l'odyssée souterraine de ces mineurs. Son auteur, Hector Tóbar, est un journaliste américain, lauréat du prix Pulitzer en 1992 pour sa couverture des émeutes de Los Angeles la même année. Il a effectué cinq voyages au Chili entre 2011 et 2013 et réalisé des centaines d'heures d'entretiens pour relater les 17 premiers jours de leur calvaire. 17 jours pendant lesquels aucun contact n'avait pu être établi avec l'extérieur. La folie commençait alors à s'emparer de certains des mineurs.

"L'idée était d'écrire avec le point de vue le plus proche possible des mineurs " (Hector Tóbar, auteur du livre Les 33. La fureur de vivre)

"Je suis particulièrement fier du passage sur Edison Peña, quand ce mineur sent qu'il devient fou. Il m'a raconté comment il a commencé à perdre la tête, comment il a senti l'obscurité s'emparer de lui et le moment où il a cru qu'il allait rester seul dans le noir."

Quel est le secret révélé dans le livre ? Il y a plusieurs révélations explique l’auteur.

"La première nuit, plusieurs mineurs ont pris de la nourriture dans les provisions. Et bien que tout le monde sache que les mineurs priaient sous terre, mon livre raconte pour la première fois ce qu’étaient ces prières."

Un film adapté du livre d'Hector Tóbar devrait sortir dans les salles françaises au printemps et au Chili, il est prévu à l'affiche le 6 août prochain.

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