Réchauffement climatique : qu’ont fait les Etats ces vingt dernières années ?
Comment mettre à contribution 195 pays pour réduire les émissions de gaz à effet de serre ? Les inciter à faire des efforts tout en tenant compte de leur niveau de développement ? C’est un peu le casse-tête auxquel étaient confrontées les délégations qui étaient rassemblées à Bonn pour défricher le terrain avant la conférence climat à Paris prévue fin 2015. Des engagements contraignants sont attendus. Limiter le réchauffement climatique à +2° est le défi imposé d’ici à la fin du siècle.
«La science donne le tempo et elle nous dit de façon très urgente que nous devons accélérer ces efforts», avait rappelé fin mai 2014 à l'AFP la responsable de l'ONU pour le climat, Christiana Figueres, de passage à Paris.
Si jusqu’à présent, la plupart des grands pays pollueurs ont lancé des initiatives contre la hausse planétaire des températures, il est difficile de savoir si elles ont de réels effets. Plusieurs voies ont ainsi été explorées au cours de ces dernières décennies. Des solutions soutenues par le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC).
Se tourner vers les énergies renouvelables
Quelques gouvernements sont intervenus dans le secteur de l’énergie pour abandonner progressivement les sources fossiles, fortement émettrices de gaz à effet de serre. Le Danemark en est l’exemple phare. C’est le premier pays à avoir bâti un parc éolien en pleine mer, en 1991, au large de ses côtes à Vindeby. Aujourd’hui, environ 20% de son électricité est produite grâce au vent.
En Allemagne, le paradoxe est que la transition énergétique a conduit à une hausse du rejet de CO2. En 2011, après l’accident nucléaire de Fukushima au Japon, Berlin s’est décidé à sortir du nucléaire-générateur de déchets radioactifs pour favoriser les énergies renouvelables. Mais cette transition ne s’est pas faite sans difficultés.
Les prix allemands de l’électricité ont augmenté. Pour compenser les pertes d’approvisionnement du côté nucléaire, on a eu recours au charbon, évidemment une matière polluante. Certains analystes regrettent le manque de concertation de l’Allemagne sur ce sujet stratégique avec ses voisins européens. Plusieurs défis sont donc à relever avant que cet outil de lutte contre le réchauffement planétaire ne soit viable dans le pays.
Au Brésil, dans l’un des pays les plus pollueurs du monde, on a misé depuis longtemps sur l’utilisation des énergies renouvelables. Près de 85% de l’électricité brésilienne provient de ces ressources vertes. L’énergie hydraulique (76,9% de la production) domine le marché énergétique.
A titre d’exemple, en 2002, l’Etat brésilien a lancé Proinfa (programme d’incitation aux sources d’énergies alternatives) pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Son objectif est de déployer 144 unités de production d’énergie propre en vue d’alimenter le réseau électrique national. Fin 2010, 68 étaient déjà opérationnelles. Mais cela n’a pas empêché le Brésil d’investir également dans le nucléaire. Le pays «aspire à devenir un exportateur de combustible nucléaire et à construire entre quatre et huit nouvelles centrales d’ici 2030», selon l’agence de presse Inter Press Service.
Sévir pour réduire les émissions de gaz à effet de serre
L’autre arme pour inciter les changements de comportements est de nature fiscale. La Suède est une référence en la matière. Dès 1991, elle a institué une taxe carbone, fixée à 27 euros la tonne. Celle-ci est calculée en fonction de la quantité de combustibles (hydrocarbures, gaz naturel, charbon…) consommée. Les émissions de CO2 ont diminué de 9% entre 1990 et 2007 tandis que la croissance économique a grimpé de 48%. D’autres Etats ont emboîté le pas de la Suède, comme la Finlande (1997) ou le Royaume-Uni (2001), pour répondre aux exigences du protocole de Kyoto.
Faire payer les pollueurs est aussi l’ambition timide de la Chine. L’un des premiers émetteur de CO2 du monde a mis en place des marchés carbone. Des plateformes sont chargées de délivrer des droits de polluer. Début 2012, le gouvernement central a exigé que ce système soit mis en œuvre dans sept villes et régions pilotes à l'échelle locale avant la fin de l'année 2013.
Cette mesure a fait l’objet de plusieurs critiques. Un possible conflit d’intérêt a été pointé car les organismes chargés du contrôle ont été nommés par le gouvernement, alors que plusieurs entreprises concernées sont publiques. Les limites d’émissions sont par ailleurs fixées selon des paramètres économiques. La Chine semble encore au stade du tâtonnement sur la recherche de solutions pour faire face au compte à rebours écologique.
Viser l’efficacité énergétique
La chasse au gaspillage est de ce point de vue-là une autre option possible. Et c’est l’une des voies empruntées par la France. Un chantier colossal a été engagé, celui de la rénovation thermique de l’habitat. On ne le sait pas toujours, mais dans le pays, le bâtiment est l’un des secteurs les plus énergivores devant les transports et l’industrie. Il concentre 43% de la consommation finale d’énergie, engendrant 123 millions de tonnes de CO2 émis par an dans l’atmosphère.
Lancé en janvier 2009, le Plan Bâtiment Grenelle vise à rénover 500.000 logements par an d'ici 2017. Son bilan est aujourd’hui contrasté. On a constaté une baisse de la consommation énergétique dans le secteur tertiaire. Mais du côté résidentiel, elle a augmenté de 0,3% en 2012 (après +1,2% en 2011).
Alors des solutions existent, encore faut-il que les Etats s’en préoccupent. Les impératifs économiques priment. Mais sans une révolution de la répartition des sources d’énergie au niveau mondial, les émissions de gaz à effet de serre actuelles conduiront la planète vers une hausse de 4°C environ d'ici à 2100. Avec toutes les conséquences que cela peut entraîner : montée du niveau de la mer, phénomènes météorologiques extrêmes...
D’ici fin mars 2015, l’ensemble des pays doivent livrer «une contribution nationale» listant les mesures qu’ils comptent prendre pour lutter contre le réchauffement dans la perspective de l’accord de Paris applicable à partir de 2020.
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