Attaque chimique en Syrie : probablement un "neurotoxique de type gaz sarin"
Plusieurs dizaines de personnes ont été tuées mardi en Syrie, intoxiquées par une attaque chimique. Pour Olivier Lepick, spécialiste des armes chimiques invité de franceinfo, "il y a peu de doute sur l'identité du coupable, à savoir le régime" de Bachar Al-Assad.
Une attaque chimique a fait plusieurs dizaines de morts, dont de nombreux enfants mardi 4 avril à Khan Cheikhoun, une petite ville située dans la province d'Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie, place forte des rebelles et des jihadistes.
Invité de franceinfo, Olivier Lepick, chercheur associé à la fondation pour la recherche stratégique, spécialiste des armes chimiques, estime qu'il y a "peu de doute que ce soit le régime qui en soit à l'origine".
franceinfo : Avez-vous une idée de la nature de l'arme utilisée ?
Olivier Lepick : À ce stade de l'enquête, je crois qu'il faut rester extrêmement prudent. Il y a un faisceau de présomptions, qui laisse à penser qu'il s'agit effectivement d'une attaque chimique. Des tableaux cliniques pourraient laisser penser à un neurotoxique organophosphoré de type gaz sarin (contractions de la pupille, mousse qui sort de la bouche). Le nombre important de victimes laisse aussi penser à un neurotoxique.
Le régime est-il le responsable de l'attaque selon vous ?
S'il est avéré que l'opération est aéroportée, depuis un avion, il y a peu de doute sur l'identité du coupable, à savoir le régime. Je rappelle que l'organisation de l'interdiction des armes chimiques, qui a été mandatée par les Nations Unies il y a quelques mois pour mener une enquête sur les allégations d'utilisation d'armes chimiques sur le théâtre syrien, a conclu sans aucune hésitation que le régime avait utilisé des armes chimiques. Dans ce cas précis, il y a peu de doute que ce soit le régime qui en soit à l'origine.
Une résolution a obligé la Syrie à détruire son stock d'armes chimiques. Cette résolution a-t-elle est respectée ?
Cette résolution a été très largement respectée. Une très grande partie de l'arsenal chimique syrien a été démantelée. Néanmoins, la plupart des experts n'écartent pas la possibilité que le régime ait dissimulé quelques tonnes, quelques centaines de kilos d'agents chimiques militaires. Je ne pense pas que la Syrie ait toujours une capacité de production de ces agents, en revanche on ne peut pas écarter la possibilité qu'elle ait conservé quelques stocks.
VIDEO. Syrie: au moins 58 personnes, dont 9 enfants, ont été tuées dans une frappe aérienne probablement à l'arme chimique, à Khan Cheikhoun pic.twitter.com/j8KlYRceW5
— franceinfo (@franceinfo) 4 avril 2017
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