Syrie : du chlore a bien été utilisé lors de l'attaque chimique contre la ville de Douma en 2018
L'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques le confirme dans un rapport publié vendredi. Selon des médecins sur place, l'attaque avait fait une quarantaine de morts.
C'est l'autre nom du chlore. De la chlorine a été utilisée contre la ville syrienne de Douma, le 7 avril 2018, conclut l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), dans son rapport final sur cette attaque, publié vendredi 1er mars. Deux cylindres contenant le gaz toxique sont tombés sur le toit d'une résidence à Douma, ville située près de Damas, la capitale syrienne.
Ces conclusions confirment celles d'un rapport provisoire rendu public en juillet 2018. Une équipe d'inspecteurs de l'OIAC a recueilli plus de 100 échantillons sur sept sites à Douma lorsqu'ils ont pu accéder à la ville plusieurs semaines après l'attaque. L'organisation rejette la version du régime syrien selon laquelle le gaz provenait d'une présumée installation d'armes chimiques des rebelles. Pour autant, elle ne désigne pas de responsable, car à l'époque, cela ne faisait pas partie des attributions de l'OIAC.
Des brûlures aux yeux
Les inspecteurs ont interviewé des témoins et procédé à une série de tests dont des analyses toxicologiques et balistiques, a précisé l'OIAC. Selon le rapport, "deux cylindres industriels jaunes destinés à contenir du gaz pressurisé" ont été découverts sur les lieux, dont l'un a atterri sur le toit d'un ensemble résidentiel et l'a traversé. En revanche, l'OIAC indique ne pas avoir découvert de preuves d'une utilisation d'agents neurotoxiques.
Des témoins ont rapporté aux inspecteurs de l'OIAC qu'il y a eu "43 morts des suites de l'attaque chimique supposée, dont la plupart ont été vus sur des vidéos et des photos [gisant] sur le sol de plusieurs étages d'un immeuble d'habitation et en face du même immeuble". Les vidéos attestent d'une exposition des victimes "à une substance irritante ou toxique par inhalation". Elles montrent également des brûlures aux yeux, et de la mousse au niveau de la bouche, sans que ces symptômes puissent être directement liés à une substance spécifique.
Le Drian réclame des sanctions
"Le régime d'Assad doit stopper, déclarer et détruire son programme d'armes chimiques. Nous restons déterminés à demander justice pour les victimes", a tweeté Jeremy Hunt, le chef de la diplomatie britannique, après la révélation de ce rapport. Le régime syrien a promis en 2013 de détruire l'intégralité de ses armes chimiques, après la mort de 1 400 personnes dans la région de la Ghouta.
Confirmed today by @OPCW - chemical weapons WERE used in Douma, Syria in April 2018. The Asad regime must cease, declare & destroy its chemical weapon programme. We remain committed to seeking justice for the victims
— Jeremy Hunt (@Jeremy_Hunt) 1 mars 2019
Son homologue français, Jean-Yves Le Drian, a également réclamé que "l'utilisation d'armes chimiques par le régime syrien cesse et que les auteurs de tels actes soient sanctionnés". Il a aussi appelé, dans un communiqué, la communauté internationale "à pleinement coopérer" avec les mécanismes mis en place par l'OIAC "pour permettre l'identification des auteurs de ces attaques".
#Syrie – #JYLD salue le rapport de l’OIAC qui confirme l’utilisation d’un agent chimique toxique dans l’attaque de Douma le 7 avril 2018. Déclaration complète → https://t.co/wmGPRdM6ar
— France Diplomatie (@francediplo) 1 mars 2019
Quant à la Russie, qui soutient le président syrien Bachar al-Assad, elle a rejeté le rapport de l'OIAC. "L'incident de Douma n'est rien d'autre qu'une provocation mise en scène" par les secouristes bénévoles syriens connus sous le nom de Casques blancs, a réagi sut Twitter l'ambassade de Russie à La Haye.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.