Syrie : les Etats-Unis soupçonnent le régime d'une nouvelle attaque à l'arme chimique
Le département d'Etat affirme que cette "attaque présumée au chlore" se serait déroulée le 19 mai. L'Observatoire syrien des droits de l'Homme et les Casques blancs disent n'avoir aucun élément sur une telle attaque.
Le régime de Bachar Al-Assad a-t-il mené une nouvelle attaque à l'arme chimique ? Les Etats-Unis ont fait état d'"indications" qui le suggèrent, mardi 21 mai. Dans un communiqué, le département d'Etat américain évoque une "attaque présumée au chlore dans le nord-ouest de la Syrie au matin du 19 mai". Et menace de représailles.
"Nous sommes encore en train de recueillir des informations sur cet incident", a déclaré une porte-parole de la diplomatie américaine, Morgan Ortagus.
En revanche, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie, n'a "documenté aucune attaque chimique dans les montagnes de Lattaquié" et n'a "aucune preuve", a affirmé son directeur, Rami Abdel Rahmane, à l'AFP. "Il n'y avait pas de civils dans la région", seulement des jihadistes, a-t-il par ailleurs assuré, ce qui complique la vérification indépendante d'une éventuelle attaque chimique.
Les Casques blancs, secouristes qui ont fait état de plusieurs attaques chimiques par le passé, ont également indiqué à l'AFP qu'ils ne disposaient "pour l'instant d'aucune information sur cette attaque".
Une attaque dans la dernière enclave tenue par des jihadistes
"Nous réitérons notre avertissement", a poursuivi la porte-parole américaine. "Si le régime Assad utilise des armes chimiques, les Etats-Unis et nos alliés répondront rapidement et de manière appropriée".
Depuis l'élection de Donald Trump, les Etats-Unis ont frappé à deux reprises des cibles du régime syrien en réponse à des attaques chimiques : en avril 2017, en représailles à une attaque meurtrière au gaz sarin à Khan Cheikhoun, et un an plus tard, avec la France et le Royaume-Uni, en réaction à une attaque chimique contre des civils à Douma.
Ces deux fois, le régime avait démenti toute responsabilité dans les attaques. Mais, a rappelé Morgan Ortagus, "le régime Assad a lui-même mené presque toutes les attaques confirmées à l'arme chimique ayant eu lieu en Syrie".
Cette fois-ci, cette possible attaque a eu lieu dans la province d'Idleb, dernière enclave tenue par des groupes jihadistes en Syrie, notamment Hayat Tahrir al-Cham, l'ancienne branche syrienne d'Al-Qaïda.
Cette zone est considérée comme une zone "de désescalade" depuis septembre, mais les forces syriennes et leurs alliés russes y ont tout de même intensifié leurs attaques depuis fin avril, laissant craindre une offensive pour en reprendre le contrôle. La porte-parole du département d'Etat américain accuse le régime de violer "un cessez-le-feu qui a protégé des millions de civils dans la province d'Idleb".
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