Syrie. L'impossible plan de sortie de crise de Bachar Al-Assad
Le président syrien s'est exprimé à Damas ce matin. Ses propositions, qui n'incluent ni son départ, ni un dialogue avec les rebelles a provoqué un tollé international.
Il ne s'était pas exprimé depuis le 3 juin 2012. Dans un discours-fleuve prononcé dimanche 6 janvier, devant une foule acquise d'avance à l'opéra de Damas, le président syrien Bachar Al-Assad a exposé sa "solution" pour sortir la Syrie, de la guerre civile meurtrière à laquelle elle est en proie.
Seul sur une immense scène, devant un mur de photos d'identités de syriens, Bachar Al-Assad a de nouveau qualifié les rebelles de "terroristes" qui "s'attaquent au peuple alors que le peuple est uni pour éviter l'effondrement du pays"."Nous nous sacrifions pour toi corps et âme, ô Bachar !", a scandé le public de partisans du régime, poings levés. Décryptage.
Ce qu'il propose
Dans son allocution, régulièrement applaudie par un public choisi, le président n'a cessé de dénoncer des tentatives de "partitions de la Syrie". "Nous sommes désormais en état de guerre dans tous les sens du terme", a-t-il asséné : "Cette guerre vise la Syrie en se servant d'une poignée de Syriens et de nombreux étrangers. De ce fait, c'est une guerre pour défendre la nation."
S'il n'est pas question pour Bahcar Al-Assad de démissionner, ce dernier a annoncé la formation prochaine d'un nouveau gouvernement, ainsi qu'une conférence nationale pour le dialogue et la réconciliation. Il promet également une amnistie générale, "tout le monde pardonnera à tout le monde", après la fin des opérations militaires, ainsi qu'un plan gouvernemental de sortie de crise.
"Le gouvernement fournira les détails de ce plan dans les jours qui viennent", a promis Bachar Al-Assad tout en martelant que la transition devait se faire selon les termes de la Constitution du pays.
Ses impossibles conditions
Tout en louant le "dialogue", Bachar Al-Assad n'a eu de cesse d'attaquer les rebelles qu'il exclu sans détour de sa proposition. "Cette offre ne s'adresse pas aux personnes qui refusent une solution politique, qui ont trahi la Syrie" a-t-il prévenu. Et de conditionner ce plan à "l'arrêt du financement et de l'armement de l'opposition, la fin des opérations terroristes et le contrôle des frontières."
Au cours de son allocution, Bachar Al-Assad a déploré ne pas avoir trouvé de "partenaire pour une solution politique". "Avec qui dialoguer? Avec des extrémistes (...)? Des gangs?", a-t-il fait mine de s'interroger avant d'asséner : "Nous ne dialoguerons pas avec une marionnette fabriquée par l'Occident."
"Ce n'est pas une révolution, une révolution a besoin d'intellectuels, où sont les intellectuels de cette révolution" ? Une révolutions a besoin de leaders, qui sont les leaders de cette révolution ?", a martelé Bachar Al-Assad. Qui accuse : "Ce sont des salafistes qui organisent des meurtres de masses."
Un tollé international
Première à réagir, la coalition d'opposition syrienne, pour qui le départ de Bachar Al-Assad est un préalable indispensable. "Nous avons dit lors de la formation de la Coalition que nous souhaitions une solution politique, mais l'objectif pour les Syriens est de le sortir (du pays) et ils ont déjà perdu pour cela plus de 60 000 martyrs (...) ils n'ont pas fait tous ces sacrifices pour permettre le maintien du régime tyrannique", a déclaré son porte-parole, Walid al-Bounni.
De son côté, l'Union européenne va étudier "ce qu'il y a de nouveau dans ce discours", mais "nous maintenons notre position selon laquelle Assad doit se retirer pour permettre une transition politique", a déclaré un porte-parole de la Haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères, Catherine Ashton. Tandis que le Royaume-Uni a estimé que Bachar al-Assad allait "au-delà de l'hypocrisie"."Il est responsable des morts, de la violence et de l'oppression qui engloutissent la Syrie et ses vaines promesses de réformes ne trompent personne", a déclaré le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague sur Twitter.
#AssadSpeech beyond hypocritical. Deaths, violence and oppression engulfing #Syria are his own making, empty promises of reform fool no one
— William Hague (@WilliamJHague) January 6, 2013
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