Combats en Syrie : les rebelles progressent, le régime contre-attaque
SYRIE - Les rebelles se sont emparés jeudi de postes-frontières avec la Turquie et l'Irak, alors que des dizaines de milliers d'habitants fuient le pays depuis mercredi.
L'issue du conflit se jouera-t-elle à la frontière syrienne ? Alors que le régime de Bachar Al-Assad a été frappé, mercredi 18 juillet, par un attentat contre des dignitaires, les rebelles sur le terrain se sont emparés jeudi 19 juillet de postes-frontières en Irak et en Turquie. Dans le même temps, des dizaines de milliers d'habitants ont fui la Syrie vers les pays voisins.
• Les combats font plus de 300 morts en un jour
Plus de 300 personnes, en majorité des civils, ont péri jeudi dans les combats qui font rage à travers la Syrie. C'est le bilan le plus lourd en 16 mois de révolte, selon un décompte de l'Observatoire syrien des droits de l'homme publié vendredi. La région la plus touchée est Damas et sa province, avec 47 civils et 23 rebelles tués.
Une source de sécurité a prévenu que les combats "se poursuivraient pendant les prochaines 48 heures" jusqu'à "nettoyer Damas des terroristes avant le début du ramadan", les autorités qualifiant de "terroriste" le mouvement de révolte lancé contre elles en mars 2011.
Vendredi 20 juillet, l'armée syrienne a lancé une offensive généralisée pour reprendre les quartiers de Damas contrôlés par les rebelles, a affirmé à l'AFP une source des services de sécurité syriens.
• Victoires rebelles à la frontière avec l'Irak et la Turquie
Une première depuis le début de la révolte : des rebelles syriens se sont emparés jeudi d'une ouverture-clé de la frontière turque, à Bab al-Haoua (nord-ouest), prenant le contrôle des douanes et des bâtiments de l'immigration du côté syrien, ont indiqué un rebelle et un porte-parole. Ce poste, qui fait l'objet de combats depuis dix jours avec les soldats fidèles au président Al-Assad, est un point stratégique de passage commercial.
De son côté, le vice-ministre de l'Intérieur irakien a annoncé jeudi que les rebelles syriens avaient pris le contrôle de postes similaires. "La totalité des postes-frontières entre l'Irak et la Syrie est désormais sous le contrôle de l'Armée syrienne libre", composée essentiellement de déserteurs et de civils armés, a déclaré Adnan Al-Assadi. "Si cette situation continue, nous allons fermer la frontière avec la Syrie."
Des gardes-frontières irakiens ont raconté avoir vu des rebelles syriens prendre le contrôle d'un poste et arrêter un colonel de l'armée syrienne à qui ils ont coupé les bras et les jambes, a rapporté le vice-ministre. L'Armée syrienne libre "a exécuté 22 soldats de l'armée syrienne devant les yeux de soldats irakiens", a affirmé Al-Assadi.
• Un nouveau général déserteur et des dizaines de milliers d'habitants en exode
Sept cent dix personnes, dont un général de brigade syrien et 20 autres officiers, dont quatre colonels, ont gagné la Turquie dans la nuit de jeudi à vendredi. C'est le 22e général syrien déserteur depuis le début du conflit.
Par ailleurs, depuis mercredi 18 juillet, plus de 30 000 Syriens ont fui au Liban, selon le Haut Commissariat aux réfugiés. De nombreux blessés syriens, arrivant principalement de régions voisines comme celle de Homs, cherchent à s'y faire soigner.
Par ailleurs, plusieurs "milliers" de familles irakiennes installées en Syrie ont fui jeudi après avoir été "agressées" par des fidèles du régime de Bachar Al-Assad, a appris l'AFP auprès des autorités irakiennes. "Nous avons mis en place une cellule de crise pour faire face à la situation et allons envoyer des autocars qui les emmèneront là où ils le souhaitent", a indiqué Qassim Mohammed Abid, gouverneur de la province occidentale d'Anbar, frontalière de la Syrie.
• Un quatrième dignitaire meurt des suites de l'attentat
Le chef de la Sécurité nationale en Syrie, Hicham Ikhtiar, blessé mercredi dans l'attentat de Damas dans lequel ont péri trois autres hauts responsables sécuritaires, a succombé vendredi à ses blessures, a annoncé la télévision d'Etat.
Agé de 71 ans, Hicham Ikhtiar avait un rôle-clé dans la répression. Il figurait d'ailleurs depuis le 23 mai 2011 sur la liste des personnes sanctionnées par l'Union européenne. Comme deux des généraux tués dans l'attentat, il avait été déjà visé par une tentative d'empoisonnement en mai 2012.
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