À Alep, "il y a une vraie stratégie ciblée contre les hôpitaux" selon le vice-président d'une association de secouristes
Oubaida Al-Moufti, vice-président de l’Union des organisations de secours et soins médicaux, a dénoncé sur franceinfo "une vraie stratégie ciblée contre les hôpitaux", alors que deux des principaux hôpitaux d'Alep ont été touchés lors d'un bombardement des forces syriennes.
Le régime syrien soutenu par son allié russe continue de bombarder massivement la ville d'Alep. Deux des principaux hôpitaux ont été touchés mercredi 28 septembre. Des attaques dénoncées comme "des crimes de guerre" par le secrétaire général de l'ONU. Oubaida Al-Moufti, vice-président de l’Union des organisations de secours et soins médicaux (UOSSM), a dénoncé jeudi 29 septembre sur franceinfo "une vraie stratégie ciblée contre les hôpitaux".
franceinfo : Quelle est la situation à l'Alep ?
Oubaida Al-Moufti : Il n'y a plus que 34 médecins dans l'est d'Alep [partie de la ville tenue par les rebelles] et, parmi eux, il y a 6 ou 7 chirurgiens. On est face à une catastrophe humanitaire, il faudrait une vraie volonté pour arrêter ces bombardements sur Alep. Pour nous les deux hôpitaux ont été bombardés délibérément, c'est évident, c'est une vraie stratégie de guerre. C'est la première fois dans l'histoire de l'humanité qu'il y a une volonté de détruire les hôpitaux de cette façon-là. Depuis pratiquement cinq ans, on a recensé plus de 300 attaques contre des structures de santé. On compte 800 personnes décédées, des médecins, des infirmières, des secouristes, on parle de 120 rien que cette année. Il y a une stratégie ciblée contre les hôpitaux.
Quelles sont les conditions de vie pour les civils ?
A l'est de la ville vivent des personnes très pauvres, qui n'ont pas les moyens de vivre ni de partir. Il y a 300 000 civils dans cette partie d'Alep. On a réussi à faire un mini-convoi humanitaire il y a quelques jours, mais ce qu'on demande aujourd'hui, c'est une séparation de la voie humanitaire et de la voie militaire. Il faut une vraie trêve pour pouvoir faire rentrer des médicaments, du matériel médical, faire sortir les blessés, et amener des médecins. Les hôpitaux qui restent aujourd'hui sont saturés. Ils fonctionnent essentiellement avec l'aide d'ONG et c'est tout.
Le régime syrien et la Russie semblent utiliser des bombes très destructrices, à fragmentation ou au phosphore sur Alep. C'est une réalité ?
Oui, depuis septembre dernier, il y a une réelle volonté de destruction. Ce qui est dramatique, c'est qu'on est en train de tester de nouvelles armes sur la population civile. C'est elle qui paye le prix le plus cher. Ces bombes-là entraînent des dégâts très importants. Nos collègues à Alep nous décrivent des situations très compliquées à vivre. Les personnes sont soignées par terre, sur le sol. On est obligés d'amputer des adultes, des enfants car on n'a pas les moyens de faire autre chose.
Quels sont les leviers pour faire cesser ce pilonnage ?
S’il n'y a pas une vraie volonté américaine et occidentale de faire une vraie pression sur le régime syrien et sur la Russie on n'arrivera à rien. Depuis cinq ans on entend les menaces, mais, aujourd'hui, les Syriens ont perdu toute confiance, tout espoir. On annonce des trêves qui durent deux, trois jours, et après on bombarde sans cesse. Il faut vraiment faire quelque chose, arrêter ces massacres. Hier [mercredi 28 septembre], les médecins syriens ont fait une grève pour dénoncer ces attaques contre les hôpitaux.
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