SouriaLi, radio en exil, émet depuis la France vers la Syrie pour faire vivre le droit à l'information
L’Unesco organise, mercredi 28 septembre, la première journée internationale du droit à l’information. Un droit qu'une radio, SouriaLi, tente d'exercer depuis la France vers la Syrie. Reportage dans ses studios improvisés à Bordeaux.
Comment être informé quand son pays est en guerre ? Alors que l'armée de Bachar al-Assad a lancé son offensive sur Alep, une radio sur internet tente depuis la France d'émettre vers la Syrie. Cette radio indépendante née en Syrie en 2012, appelée SouriaLi, informe sur le conflit tout en essayant de redonner de l’espoir aux habitants. SouriaLi est pilotée depuis la ville de Bordeaux par un Syrien exilé en France. Un exemple du droit à l'information, alors que l’Unesco se penche mercredi sur cette liberté fondamentale.
Des informations et un recul critique
Les programmes de SouriaLi sont enregistrés depuis leur domicile par une vingtaine de Syriens bénévoles qui ont fui leur pays ou qui y sont restés. Depuis Bordeaux, derrière son ordinateur, Lyad Kallas coordonne le programme venu de France. L'ancien chef d'entreprise informatique veut redonner voix et vie à son pays, faute de pouvoir compter sur la communauté internationale. "On a perdu la foi et c’est difficile à digérer", dit-il en s'appuyant sur l'exemple récent du convoi d'aide humanitaire bombardé en Syrie.
Chaque jour, Lyad met en ligne des émissions, des débats, de la musique. SouriaLi, littéralement "la Syrie est à moi", présente sur Facebook, est diffusée sur internet et dans le pays par satellite deux heures par jour. On y explique comment purifier l'eau ou se méfier des restes de bombes non explosées. On y parle aussi politique, et sans tabou. Amar, écrivain et metteur en scène, dirige une émission politique satirique : "Dès qu'on donne un exemple sur le régime, on le fait aussi pour l'opposition, parce qu'on est arrivé au point où les opposants sont aussi cruels que le régime." Amar ajoute qu'il met en avant des faits, des propos, en étant vigilant "surtout sur la religion" en évitant de traiter ce sujet de "manière blessante".
Pour les exilés et ceux qui restent
Les collaborateurs qui travaillent depuis la Syrie envoient leurs émissions via des messageries cryptées. Ils ne donnent ni leur nom, ni leur ville, ni leur adresse. La voix des auditeurs qui témoignent ou posent des questions est systématiquement transformée. Mais SouriaLi propose aussi des programmes positifs. Azza est danseuse professionnelle, demandeur d'asile et animatrice d'une émission culturelle. Elle tient à montrer que, malgré la guerre, il y a aussi "des artistes, des danseurs, des musiciens qui font de belles choses".
On fait aussi une série où l'on parle de ceux qui ont quitté la Syrie et qui ont réussi à repartir de zéro. Que vous soyez pour ou contre le régime, c'est toujours dur de recommencer.
Des émissions abordent des thèmes comme l'exil, la question du suivi des réfugiés en France et ailleurs, ou encore une réflexion sur l'activisme et l'art. Les créateurs de SouriaLi veulent préparer la reconstruction de leur pays sans savoir quand la guerre prendra fin, "peut-être pas avant dix ou vingt ans", disent-ils.
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