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Syrie : "Le droit humanitaire international est en train de mourir à Alep"

Depuis plusieurs semaines, les civils tentent de fuir la ville d'Alep, bombardée par l'aviation syrienne et russe. Pour Raphaël Pitti, spécialiste de médecine de guerre, dans ce conflit, "le droit humanitaire est bafoué". 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
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La ville d'Alep est bombardée depuis plusieurs semaines par l'aviation syrienne et russe. (GEORGE OURFALIAN / AFP)

Plusieurs centaines de personnes ont encore fui Alep jeudi 8 décembre. Plus de 80 000 civils ont quitté la ville ces dernières semaines en raison de la violence des combats. Les Russes, soutien des forces gouvernementales, ont annoncé jeudi 8 décembre l'arrêt des bombardements sur Alep-Est pour permettre l'évacuation des civils. "Le droit humanitaire international est en train de mourir à Alep", a déclaré vendredi 9 décembre sur franceinfo Raphaël Pitti, spécialiste de médecine de guerre de retour de mission en Syrie. 

Les médecins ont "peur d'être considérés comme des terroristes"

On assiste à "une effroyable catastrophe humanitaire. Ils ont affamé la population, détruits tous les hôpitaux, plus de chauffage, ils ont refusé la sortie de 120 blessés", a dénoncé Raphaël Pitti. Il reste dix médecins à Alep, "et ils ont très peur d'être considérés comme des terroristes. Le régime et son allié, depuis le début, a considéré des centres hospitaliers et des médecins comme des terroristes parce qu'ils soignaient des blessés de cette guerre. Aujourd'hui, ces médecins se disent qu'ils vont être arrêtés." Raphaël Pitti a expliqué que les médecins ne voulaient pas "passer au travers des corridors humanitaires, qui sont en fait des filtres qui visent à dissocier les différentes personnes. On laisse passer les femmes, les enfants, les personnes âgées et on retient les hommes."

Pour ce professeur de médecine d'urgence, "le droit humanitaire international est en train de mourir à Alep, devant une sidération du monde occidental, mais aussi du monde arabe. C'est dangereux pour notre société de savoir qu'on bafoue le droit humanitaire international qu'on a arraché ces dernières décennies." Raphaël Pitti a estimé que "la France a beau crier, se lamenter, considérer que tout ça est scandaleux, pour autant notre pays a perdu cette capacité d'intervention et de pression sur les Russes."

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