Après les JO, des installations olympiques pas toujours rentabilisées
Article initialement publié, le 9 août 2012
A Athènes, à qui les Jeux ont coûté 13 milliards d'euros, la plupart des sites sont abandonnés et mal entretenus. A tel point, qu’un appel d’offres a été lancé le 2 mars 2012 pour leur vente.
A Pékin, même si les installations estimées à quelque 40 milliards d’euros restent vides, elles demeurent le symbole de la réussite chinoise en terme, notamment, d’architecture d’avant-garde autour d’infrastructures emblématiques.
La vitrine du modèle chinois
A ce titre, la piscine olympique, surnommée le Cube d’eau, est devenue un parc aquatique et le célèbre stade olympique, le Nid d’Oiseau, qui n’a presque pas servi depuis la fin des Jeux, accueille encore chaque jour des milliers de touristes chinois. Ces derniers le placent juste après la Cité interdite et la Grande muraille en termes de site remarquable préféré.
Pour que le chef d’œuvre architectural (80.000 places) dessiné par les Suisses Herzog et De Meuron retrouve son prestige grâce au sport, il faudra attendre 2015 et les championnats du monde d'athlétisme.
Le talon d’Achille d’Athènes
La grande différence entre la Chine et la Grèce, si ce n’est leur taille, c’est le poids de leurs économies : en croissance en Chine, en récession en Grèce. En effet, huit ans après les Jeux, les installations d'Athènes plombent un pays déjà en crise qui doit encore subventionner leur entretien : 100 millions d’euros par an.
Pour Jean-Louis Chappelet, professeur de management public à l'Université suisse de Lausanne, «il est communément admis que les JO de 2004 ont creusé la dette du pays». Le président du CIO, Jacques Rogge, avait admis fin 2011 que «la dette grecque avait cru de 2 à 3% en raison du coût des JO».
L’universitaire estime que c’est notamment «la facture du système de sécurité exigé à l'époque par les Etats-Unis», qui a coûté cher : plus d'un milliard de dollars. Et aussi «le système de pots-de-vin et le manque de planification de l'utilisation post-olympique des sites».
Sans réflexion, une reconversion difficile
Un problème que les Chinois avaient réglé avant 2008 en misant sur des installations prestigieuses qui resteraient un hymne au système communiste. N’avaient-ils pas pour slogan : «Bienvenue à Pékin, un seul monde, un seul rêve» ? Aujourd’hui, avec l’érosion du nombre des visites au Nid d’Oiseau, les autorités chinoises devront peut-être revoir leur copie pour trouver de nouvelles sources de financement.
Et Londres dans tout ça?
En ce qui concerne les JO de Londres de 2012, Albion a su redonner une seconde vie aux installations des compétitions. Les réflexions pour l'organisation de ces dernières est parti d'un projet «fondé sur la volonté de renouvellement de la zone urbaine de Stratford, banlieue de l'est londonien en difficulté», constate le site teamsporteco.fr.
Le parc olympique est ainsi devenu le plus grand parc (d'une superficie de 2,5 km2, NDLR) «créé en Europe depuis cent cinquante ans: un nouvel espace de verdure de sport et de culture à vingt-cinq minutes en métro du coeur (de la ville), dans le quartier de Straford», rapporte Libération.
Le centre aquatique de 15.000 places a été «en partie démantelé et préparé» pour accueillir d'autres compétitions, «le stade de handball est devenu un centre d'accueil d'entraînement et de compétition multisports», rapporte teamsporteco.fr. Les jeux britanniques ont donc été «un grand évènement alibi du renouvellement urbain».
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