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Attaque à Londres : "Il faudrait aller vers un service de renseignement européen"

Après les attaques de Londres, Michaël Dantinne, professeur de criminologie, suggère "un service de renseignement européen" pour faciliter la lutte contre le terrorisme.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des officier de police à la station de metro de Westminster, le 23 mars 2017, après l'attaque de Londres. (DARREN STAPLES / REUTERS / X90183)

Après l'attaque de Londres mercredi, Michaël Dantinne, professeur de criminologie à l'Université de Liège a estimé, sur franceinfo vendredi 24 mars, que le risque d'attentat était aujourd'hui "partout". Selon lui, il y a du mieux dans la collaboration entres les enquêteurs des différents pays mais il faudrait aller vers "un service de renseignement européen" que le Brexit ne risque pas de favoriser.

franceinfo : Comment expliquer que les autorités britanniques n'aient rien vu venir ?

Michaël Dantinne : Même si c'est difficilement acceptable, il y a un pool de gens à surveiller qui est vraiment très important. On a des individus qui ont des processus qui ne sont pas vraiment linéaires, de leur radicalisation jusqu'à l'attentat. On a des individus avec des profils extrêmement hétérogènes donc on ne peut pas définir un profil-type qui allumerait tous les clignotants. À Londres, on a un individu qui est beaucoup plus âgé que ceux que l'on a vus auparavant. Une surveillance permanente de quelqu'un, même avec des moyens technologiques, demande énormément d'investissement humain. Aucun pays n'a les moyens de surveiller tout le monde. Du coup, des gens passent sous les radars.

Pourquoi, selon vous, Londres a-t-elle été attaquée ?

Aujourd'hui, tous les pays, toutes les capitales, sont à risque. Londres, évidemment, parce que c'est l'Angleterre, le Royaume-Uni. Ce sont les alliés des Américains. Il s'agit d'un pays à risque comme la France ou la Belgique. Nous avons maintenant affaire à des individus qui sont intégrés aux sociétés qu'ils vont frapper parce qu'ils les estiment comme responsables d'une situation (en Syrie et en Irak, NDLR) qu'ils jugent injuste. On est dans une période où le risque est un peu partout.

Plus de collaboration en Europe ne servirait pas à grand-chose ?

Les pays doivent d'abord optimiser les collaborations interservices au plan national, toutes les enquêtes sur tous les attentats l'ont démontré. Après, on est dans un monde fluide avec des individus qui se déplacent beaucoup plus facilement. La collaboration est extrêmement importante. À l'échelle européenne, on a mis en place les "joint investigation team" : des cadres juridiques qui permettent des échanges et des collaborations beaucoup plus simples avec des enquêteurs qui travaillent dans des pays et des juridictions qui ne sont pas les leurs. Il faudrait, idéalement, aller vers des services encore plus intégrés. Je pense à un service de renseignement européen mais cela se heurte à un grand nombre de difficultés parce que l'on touche à des fonctions régaliennes et des intérêts stratégiques. Évidemment, concernant le Royaume-Uni, le Brexit ne nous emmène pas dans ce sens.

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